« L’Action française en Bretagne, entre renouveau et enterrement du royalisme » Vue par : Presses universitaires du Septentrion
Dans une région fortement marquée par le clivage entre les « Blancs » et les « Bleus », le royalisme s’est longtemps maintenu à travers l’engagement politique de l’aristocratie rurale, tout en se diluant progressivement dans un conservatisme social et dans la défense intransigeante de l’Église catholique. Au début du XXe siècle, l’Action française et la pensée maurrassienne viennent lui donner un nouveau souffle, revivifiant l’idée monarchiste autour du nationalisme intégral. Plus que sur une implantation militante, somme toute modeste, l’audience de l’AF en Bretagne est surtout fondée sur son influence auprès des élites catholiques régionales, notamment parmi la hiérarchie ecclésiastique. La condamnation pontificale marque donc ici une césure décisive. Progressivement, en effet, et non sans résistance, les évêques bretons apportent leur soutien à Pie XI obligeant les élites catholiques à choisir entre leur fidélité religieuse et leur sympathie politique. L’impact de la condamnation se traduit alors par le déclin irréversible du royalisme en Bretagne.
TEXTE INTÉGRAL
1Au début du XXe siècle, la Bretagne présente la particularité politique de comporter un mouvement royaliste encore important, en grande partie issu du courant légitimiste. Sa puissance électorale maintenue, quoique déclinante dans une région qui se convertit peu à peu à l’idée républicaine, ouvre un espace politique pour l’Action française (AF) qui se greffe alors sur le vieux monde royaliste breton non sans quelques résistances. Entre renouveau et pérennité du royalisme, son impact est incontestable dès la première décennie du siècle mais c’est bien dans les années d’après-guerre que le mouvement maurrassien semble connaître son apogée, fort d’une influence considérable dans le monde catholique. La condamnation pontificale de 1926 vient cependant profondément ébranler cette situation. Outre qu’elle met un terme à l’attraction de l’AF dans le monde catholique, elle fragilise l’ensemble du mouvement royaliste breton désormais privé de la caution cléricale et donc rapidement marginalisé.
La persistance du royalisme en Bretagne et l’irruption de l’Action française
2Dans une région où le clivage politique majeur se structure toujours autour de la question religieuse et dans la réminiscence des affrontements anciens entre les « Blancs » et les « Bleus », les milieux royalistes continuent d’occuper, au début du XXe siècle, une place centrale dans la coalition des droites unies derrière la défense de la religion catholique. C’est, du reste, la permanence des antagonismes entre le bloc des forces catholiques et le bloc des forces laïques qui leur permet de maintenir cette position au sein des droites tant elle oblige l’ensemble des milieux catholiques à laisser de côté leurs divergences, notamment sur la question du régime. L’audience des milieux royalistes s’observe alors dans la présence de nombreux élus, que ce soit à la Chambre des députés, au Sénat et, plus encore, dans les conseils généraux et les mairies.
- 1 Pour reprendre la typologie élaborée par Pierre Barral dans Les agrariens français de Méline à Pis (…)
- 2 La commémoration rappelle ici le souvenir des émigrés fusillés en 1795 par le général Hoche après (…)
3Pour autant, la force du royalisme breton ne tient pas seulement à des considérations politiques et électorales. Elle s’inscrit également dans une dimension sociale et culturelle qui renvoie aux caractéristiques d’une partie des campagnes bretonnes. La persistance du royalisme traduit ainsi l’ascendant de l’aristocratie, la plupart du temps légitimiste, dans de nombreuses zones rurales. Solidement appuyée sur la détention de grandes propriétés foncières et sur un ancrage dynastique local, cette aristocratie se pose, bien souvent, en situation d’autorité naturelle dans les régions de « hiérarchie acceptée1 ». L’objectivation de son autorité par les populations catholiques transcrit alors tout un travail de mise en scène de sa domination sociale largement fondée sur une logique de distinction. Surtout, elle souligne l’importance de la légitimation que lui assure le discours clérical dans la diffusion d’une vision hiérarchisée du monde et dans la valorisation de ses engagements sociaux et politiques. L’implication passée et présente de l’aristocratie dans la défense de l’Église, que ce soit sur le plan politique ou par le soutien apporté aux différentes œuvres catholiques, lui vaut, en effet, l’appui de l’épiscopat, par ailleurs sympathisant actif de la cause monarchiste, et d’une bonne partie du clergé. Une profonde identité d’esprit existe ainsi entre la hiérarchie ecclésiastique et l’aristocratie royaliste qui communient ensemble dans un même catholicisme intransigeant et contrerévolutionnaire, fondement d’une culture politique traditionaliste. L’hostilité à la République et à ses valeurs s’inscrit dans le souvenir des luttes communes contre la révolution et trouve à se réactiver dans les combats menés conjointement contre les lois laïques depuis le début de la Troisième République. Les cérémonies commémoratives autour des martyrs de la religion catholique prennent parfois une indéniable dimension royaliste comme celle du Champ des martyrs à Brec’h, près de Sainte-Anne d’Auray2. Un marquage spatial et mémoriel de l’espace et du temps favorise ainsi la persistance du souvenir royaliste toujours associé à la défense de la foi catholique.
4Les liens très forts qui existent entre le clergé et l’aristocratie rurale constituent donc un facteur déterminant de la pérennité électorale du royalisme en Bretagne. Dans une région fortement marquée par le cléricalisme du fait de l’omniprésence du fait religieux, l’autorité, souvent incontestée, du clergé est une arme qu’il n’hésite pas à utiliser dans le combat politique. L’appui qu’il apporte aux candidats royalistes, à l’occasion des différentes élections, est souvent décisif au grand dam des autorités républicaines de la région.
5Malgré tout, les aspirations à un renouveau sont perceptibles, au début du XXe siècle, dans les milieux royalistes bretons. Le maintien de leur influence au sein de la coalition conservatrice s’effectue, en effet, sur la base d’une dilution des idées royalistes. Le regroupement des droites et l’alliance avec le clergé imposent de privilégier la défense de la religion catholique, notamment depuis l’encyclique sur le Ralliement, sur toute autre considération. Aussi, lors des échéances électorales, les convictions royalistes ne sont plus guère affirmées au profit d’un conservatisme susceptible de rassembler l’ensemble des droites catholiques. Alain Raison du Cleuziou, partisan de l’AF, évoque ainsi, en septembre 1907, les mutations qui touchent alors le monde royaliste des Côtes-du-Nord : « Le comité conservateur est issu du comité légitimiste. Il est composé de personnalités royalistes qui ont sollicité un mandat électif. Les courants d’opinion, quoique toutes conservatrices, sont nuancés. Mais le ralliement ne les effraye plus et en tous cas le comité ronronnait passablement. Il était sur un terrain électoral d’une neutralité polie par toutes les opinions des honnêtes gens. Mais ce n’était pas un organe de propagande de la doctrine monarchiste. Le rattachement au régime républicain n’était plus une question de principe. » En Loire-Inférieure, où existe le comité royaliste le plus puissant et le plus actif, la propagande en faveur de l’idée royaliste a également cédé le pas devant les préoccupations électorales. Si cette stratégie se révèle efficace, puisqu’elle lui permet d’être un acteur incontournable de la vie politique locale, elle ne l’amène pas moins à soutenir des candidats bonapartistes voire républicains en certaines occasions. Exclusivement centrée sur les préoccupations électorales, la pratique des comités royalistes tend à confiner l’idée monarchiste dans une sociabilité mondaine étroite, faite de banquets et de réunions, de moins en moins en phase avec les conditions de la vie politique moderne.
6Ainsi, dans la première décennie du XXe siècle, le royalisme, s’il survit dans les convictions d’un nombre d’élus encore relativement important tend à disparaître comme courant d’opinion actif et autonome. C’est d’ailleurs sur la base de ce constat qu’il faut comprendre l’attraction de l’AF sur bien des royalistes bretons.
L’Action française et les royalistes bretons : entre attraction et rejet
- 3 Lettre au président du comité royaliste du Finistère, parue dans L’Action française, le 13 janvier
7L’Action française apparaît, en effet, pour de nombreux royalistes bretons, comme ayant vocation à reprendre le flambeau du légitimisme dans la région. Sa philosophie politique foncièrement aristocratique, fondée sur une conception hiérarchique de la société, est en phase avec les idées et les pratiques sociales de l’aristocratie rurale. La pensée maurrassienne exerce aussi une forte séduction par sa faculté à renouveler l’idée monarchiste et à lui donner une plus grande cohérence intellectuelle autour du nationalisme intégral. Elle opère un transfert de l’affect et du sentiment à la conviction raisonnée comme le montrent les propos du vicomte de la Gatinais, membre du comité royaliste de Brest, en 1911 : « Dans ma famille, les enfants apprennent le cri de « Vive le Roi ! » en même temps que le Pater. Depuis que j’ai quitté l’armée, je fais partie d’organisations royalistes. […] Entre temps, l’Action française a fait son étape et ses déductions m’ont enseigné à raisonner, ce qui chez moi, était plutôt des sentiments. À ses efforts, à son courage, à sa lumineuse doctrine, seuls, est dû le renouveau splendide des idées royalistes en France3. »
- 4 Lettre publiée dans L’Action Française, le 13 janvier 1911.
8L’attraction exercée par l’AF est également inséparable d’un désir de rupture avec l’apathie des vieux comités royalistes comme le souligne avec force le vicomte de Kertanguy : « Sur la brèche depuis quarante ans pour le rétablissement de la Monarchie nationale, nous avons été toujours retenus dans une attente indéfinie par ces mots : l’heure n’est pas venue — ce n’est pas le moment : le mot de Monarchie effrayait le peuple, etc. Bref, nos comités envahis, peu à peu, par un froid intense, ressemblant beaucoup au froid de la mort étaient impuissants ! Le magnifique mouvement imprimé à l’opinion par l’Action française est venu nous réchauffer et ressusciter l’idée monarchique en France4. »
9C’est bien la capacité de l’AF, en renouvelant les pratiques des milieux royalistes, à se placer au cœur de la vie politique nationale et à diffuser dans de larges couches de la population l’idée monarchiste qui est ainsi louée. Face à un régime décrié, la seule logique qui tienne est celle d’un combat déterminé et sans retenue capable d’inspirer de la crainte à un gouvernement. Bon nombre de royalistes approuvent le refus de s’engager dans une opposition parlementaire jugée stérile et dévoyant le combat royaliste. La violence politique est alors légitimée et la perspective d’un coup de force est envisagée favorablement. Cette position n’est cependant nullement consensuelle tant les contraintes électorales continuent, en Bretagne, de peser fortement sur l’attitude des milieux royalistes. L’emprise croissante de l’AF n’est pas sans provoquer, de fait, un certain nombre de résistances. Outre les réticences que suscite l’influence du positivisme comtien dans la pensée maurrassienne, outre la priorité accordée à l’Institution monarchique sur la personne royale et l’athéisme de Maurras qui choquent bien des représentants du légitimisme breton, les oppositions à l’AF en Bretagne renvoient, pour une large part, à des considérations électorales. L’antiparlementarisme de l’AF heurte, en effet, les intérêts électoraux d’un certain nombre de royalistes bretons pour qui il est susceptible d’entraîner une division des forces catholiques. Ajouté à la violence politique, il indispose des élus engagés, parfois depuis longtemps, dans une sociabilité parlementaire qui transcende les clivages partisans. Les tensions sont ici récurrentes avec les dirigeants de l’AF qui raillent régulièrement les compromissions des parlementaires royalistes avec le régime. L’hostilité envers l’Action française est encore plus forte quand elle se greffe sur des divergences idéologiques. C’est le cas chez un royaliste de sensibilité libérale comme le comte de Lanjuinais, député du Morbihan, pour qui la défense de l’ordre social nécessite l’alliance des forces conservatrices à la Chambre et qui s’offusque des tentatives de rapprochement entre l’AF et certains milieux d’extrême gauche. L’insoumission affichée, en certaines occasions, de l’AF à l’égard du prétendant froisse également la fidélité affective des milieux légitimistes. On peut d’ailleurs penser que cette fidélité au Prince a freiné bien des adhésions formelles à la ligue comme en Loire-Inférieure où la plupart des royalistes, quoique sympathisants de l’AF, privilégient toujours leur attachement à la Maison royale. Enfin, la diversité d’attitude face à l’AF révèle aussi des clivages générationnels. Dans le Morbihan, face aux « vieilles barbes » du royalisme, cultivant la nostalgie de l’ancienne France, le dynamisme et la radicalité de la ligue rallient surtout les plus jeunes, moins portés à se complaire dans l’évocation du passé.
- 5 Sur l’impact de cette crise dans la région, voir mon article, « Les répercussions en Bretagne de l (…)
10Aussi, après des débuts hésitants, l’AF connaît, à partir de 1908, un premier essor. La transformation, à cette date, de L’Action française en quotidien lui permet de diffuser plus largement ses idées et l’attrait idéologique du nationalisme intégral s’exerce alors puissamment parmi les royalistes bretons. Surtout, elle enregistre une double victoire qui va s’avérer déterminante dans son enracinement politique en Bretagne. La condamnation du Sillon par Pie X, le 25 août 1910, lui permet de s’afficher sans retenue en garante de l’orthodoxie doctrinale du catholicisme et renforce son attraction au sein de la hiérarchie ecclésiastique bretonne hostile au mouvement de Marc Sangnier. Parallèlement, elle s’impose au cœur du dispositif monarchiste après une brève mais intense crise avec le prétendant et le Bureau royal (1910-1911) durant laquelle elle a pu faire jouer les solides appuis dont elle disposait dans le monde royaliste traditionnel5. Elle affirme alors le principe de son indépendance et, en même temps, sa volonté de régenter l’ensemble du monde royaliste. À partir de là, l’interpénétration entre les comités d’AF et les comités royalistes, dont l’espace politique est désormais très restreint, s’accentue. Le déclin des vieux comités royalistes bretons paraît alors inéluctable à l’exception notoire de la Loire-Inférieure. Désormais, l’aristocratie légitimiste, dans sa grande majorité, accepte, tout en n’intégrant pas forcément les rangs de l’organisation maurrassienne, de participer à son développement en couvrant de son aura sociale, lorsqu’elle en a la capacité, les activités de l’AF et en lui apportant un soutien financier non négligeable.
11À la veille de la guerre, le renouveau de l’action royaliste en Bretagne est incontestable. L’AF s’est imposée comme un cadre novateur pour l’expression de l’idée monarchique. Le « Politique d’abord » est venu réhabiliter l’idée royaliste alors fortement diluée dans la défense de la religion catholique. Pour autant, ce dynamisme doit être relativisé tant sur le plan géographique que sociologique. En 1913, l’implantation de l’Action française en Bretagne révèle les limites de ce premier essor. Avec cinq sections seulement, circonscrites aux différents chefs-lieux de départements, l’AF n’a pas réellement percé sur la scène politique bretonne même si la présence de 17 groupes, ou sous-sections, dans de plus petites localités, à l’instar de Vitré, Dinan ou Morlaix, montre la diffusion de son influence dans la région. C’est que l’implantation de la ligue maurrassienne en Bretagne s’appuie surtout sur l’aristocratie légitimiste qui compose les cadres des sections voire l’essentiel des militants dans la plupart des sous-sections. La même sociabilité aristocratique s’y développe donc, largement fondée sur des liens de type amicaux, personnels et familiaux. Dans un univers géographique encore très cloisonné, les sous-sections ont un fonctionnement très réduit et leurs pratiques ne s’éloignent guère de ce qui pouvait caractériser les vieux comités royalistes. Les cercles d’études, les conférences en groupes restreints forment l’essentiel d’une activité routinière que vient rompre néanmoins la vente du journal. Seules les sections de Rennes et, plus encore, de Nantes offrent un profil social plus diversifié avec la présence d’étudiants et de professions libérales en plus grand nombre. Ce confinement sociologique perdure encore à la veille de la guerre et l’échec du second congrès régional d’AF, à Saint-Brieuc en mars 1914, marque de manière significative les limites de son premier essor en Bretagne.
L’Action française au lendemain de la Grande Guerre
- 6 Pour reprendre l’expression de Pierre Nora dans « Les deux apogées de l’Action française », Annale (…)
- 7 Les informations sur l’Action française en Bretagne sont malheureusement fragmentaires, notamment (…)
- 8 Sur cette mobilisation, je me permets de renvoyer à mon livre, Combats pour une Bretagne catholiqu (…)
- 9 La Bretagne se situe dans une honnête moyenne pour une organisation qui compte 142 sections et env (…)
- 10 D’après les travaux de Stéphane Reignier et de Jacques Daboudet, op. cit.
12Le « second apogée6 » de l’AF ne se situe pas en Bretagne dans l’immédiat après-guerre où la profonde désorganisation consécutive au premier conflit mondial pèse sur la remise en route des sections. La législature du Bloc national ne semble pas non plus propice à l’affirmation de l’AF tant le climat d’apaisement religieux la prive, en Bretagne, d’une part de son espace politique. La situation paraît néanmoins évoluer à partir de 1923 où l’on observe une multiplication des réunions et conférences dans certaines villes bretonnes7. Pour autant, c’est bien l’avènement du Cartel des gauches, en mai 1924, et la volonté du gouvernement d’Édouard Herriot de revenir sur la politique religieuse du Bloc national qui créent les conditions d’un nouvel élan de l’AF dans la région en suscitant une vigoureuse réaction du monde catholique. L’ampleur de la mobilisation, sous l’égide de l’épiscopat breton et de la Fédération nationale catholique du général de Castelnau, débouche, en effet, sur de grandes manifestations propices à une radicalisation politique8. Dans ce contexte, l’AF, en menant un combat intransigeant contre les lois laïques, apparaît en phase avec les considérations du clergé breton et d’une partie de l’opinion catholique. Elle peut, de plus, s’appuyer, depuis 1924, sur La Gazette de l’Ouest, nouvel hebdomadaire régional qui témoigne de sa volonté d’intervenir plus résolument dans le débat politique. L’AF connaît alors son apogée dans la région avec, en 1926, 15 sections recensées devant réunir entre 1 500 et 2 000 ligueurs9. Cette implantation présente cependant de fortes disparités géographiques et numériques comme le montre la carte ci-jointe. Si la section de Nantes, la plus nombreuse, compte plus de 400 ligueurs auxquels il faut ajouter une centaine de dames et de jeunes filles royalistes, celle de Saint-Brieuc n’en comporte qu’une cinquantaine10. Rares sont les sections dépassant plus de 100 membres : Rennes sans doute, en dehors de Nantes qui constitue l’archétype de la section modèle avec un groupe de camelots, un groupe de Jeunes filles et un groupe de Dames, ainsi qu’un groupe d’étudiants et collégiens. Le rayonnement de l’AF est ici suffisamment fort pour lui permettre d’apparaître comme une des forces politiques les plus influentes à l’occasion de manifestations ou de meetings regroupant des milliers de personnes. À côté des sections, l’activité des groupes de propagande, aux effectifs souvent peu nombreux, semble se résumer essentiellement à la vente du quotidien dont le rôle est toujours jugé primordial.
- 11 À Nantes, l’attraction de l’AF s’exerce aussi sur les milieux économiques et la grande bourgeoisie (…)
13On peut s’interroger alors sur la composition sociologique de l’AF au moment de son apogée dans la région. Les sources, malheureusement peu nombreuses, dont nous disposons indiquent sans conteste la prédominance maintenue des milieux aristocratiques. Lors du congrès régional d’AF à Rennes, en 1925, les patronymes aristocratiques représentent ainsi près de 60 % des participants, pour l’essentiel cadres du mouvement. Ce phénomène déjà très marqué pour les hommes est encore plus accentué pour les jeunes filles et les dames royalistes où l’aristocratie est omniprésente. Cette pérennité dans le recrutement sociologique de l’AF en Bretagne ne doit cependant pas masquer quelques mutations en cours. On observe ainsi, en certains endroits, une montée de la petite et moyenne bourgeoisie urbaine avec la place croissante des professions libérales notamment des commerçants et des médecins. C’est le cas dans des sections et des groupes comme Saint-Malo, Concarneau, Douarnenez, Guingamp alors que ce phénomène s’était pendant longtemps restreint aux plus grosses sections du mouvement : à Rennes et à Nantes11. Ce processus, quoique relatif, de diversification sociale témoigne de l’avènement de nouvelles générations de ligueurs, plus AF que royalistes, plus maurassiens que légitimistes, qui caractériseront encore plus nettement l’organisation dans les années trente.
- 12 Premier évêque de Lille, en 1913, après avoir été vicaire général de Rennes en 1909, Mgr Charost s (…)
- 13 42 % des séminaristes du Grand Séminaire de Nantes en sont ainsi adhérents en 1926.
14Forte de son implantation dans l’aristocratie légitimiste, l’attraction de l’AF sur la notabilité catholique reste toujours considérable, ce que conforte également l’écho qu’elle rencontre au sein d’un clergé breton à qui le second ralliement n’a nullement fait perdre son intransigeance. Son influence n’a sans doute jamais été aussi forte dans l’épiscopat breton qu’au début des années vingt lorsque la nomination de Mgr Charost sur le siège métropolitain de Rennes, en 1921, consacre un partisan résolu de l’AF12. L’ensemble des évêques bretons, monarchistes dans l’âme, entretient alors d’excellentes relations avec les dirigeants locaux de l’AF. Au-delà de la séduction de la pensée maurrassienne et de la reconnaissance que lui vaut son action pour la défense de l’Église catholique, l’audience de l’AF dans les milieux cléricaux bretons s’est aussi construite sur un travail patient et continu de propagande. À Saint-Brieuc, par exemple, L’Action française est envoyé gratuitement dans les séminaires, à l’évêché et chez les curés de paroisse. Un travail qui porte ses fruits puisqu’en 1925, plus de 100 prêtres sont abonnés parmi lesquels un nombre important de prêtres enseignants. Dans le diocèse de Nantes, où l’AF peut compter sur le soutien de Mgr Le Fer de la Motte, l’association Saint-Louis, ligue royaliste de prière fondée par les membres de l’AF pour obtenir la restauration de la monarchie, lui permet de gagner de nombreuses sympathies parmi les séminaristes du diocèse13. Les grands séminaires, à l’exemple de ceux de Rennes et de Nantes, constituent ainsi un relais important dans la diffusion des idées maurrassiennes chez les clercs bretons du fait de l’emprise que peuvent avoir quelques professeurs ouvertement gagnés à la cause de l’AF et qui se savent en parfaite communion d’esprit avec leur évêque. Déjà solidement relayée par une partie du clergé, l’influence de l’AF dans le monde catholique régional tient aussi à la place qu’occupent les milieux royalistes dans les organisations catholiques. En Bretagne, la Ligue patriotique des Françaises (LPDF) ou l’Association catholique de la jeunesse française (ACJF) sont ainsi tenues par des partisans de l’AF.
15La position influente de l’AF dans le monde catholique breton se perçoit aussi par l’écho de ses thèses dans la presse catholique. C’est notamment le cas avec Le Nouvelliste de Bretagne, organe d’un catholicisme intransigeant, qui, à Rennes, tente, non sans mal, de rivaliser avec L’Ouest-Éclair, le grand quotidien démocrate-chrétien dirigé par l’abbé Trochu et Emmanuel Desgrées du Loû. Lié au groupe de la Bonne presse, soutenu et contrôlé par l’archevêché, Le Nouvelliste de Bretagne, dont le conseil d’administration comporte de nombreux royalistes, ne cesse ainsi d’affirmer la nécessité de l’union de toutes les droites face aux forces républicaines et laïques. Sous la direction d’Eugène Delahaye, il mène un combat politique qui l’amène fréquemment à afficher ses sympathies pour l’AF.
- 14 Lettre du 19/12/1926. Archives de l’évêché de Lille, fonds Mgr Vanneufville.
16De fait, plus que par ses effectifs militants, toujours modestes, l’apogée de l’AF doit surtout s’appréhender au regard de son ascendant dans les milieux cléricaux et, à travers cela, dans l’ensemble de la notabilité catholique traditionnelle. C’est, du reste, ce qu’indique avec pertinence Emmanuel Desgrées du Loû, au moment où les répercussions de la condamnation commencent à se faire sentir dans les diocèses bretons : « […] la puissance relative dont elle dispose se limite à l’influence qu’elle a su se ménager dans certains milieux catholiques et ecclésiastiques. Sa force vient des appuis qu’elle s’est assuré dans l’épiscopat et le clergé. […] L’AF n’a aucune puissance politique. Mais par sa propagande dans les grands séminaires, dans les collèges religieux, dans les Universités catholiques, dans les œuvres de jeunesse, elle a lentement intoxiqué l’esprit d’une grande partie du clergé14. »
La condamnation pontificale et ses répercussions en Bretagne15
- 15 Pour une approche plus globale de la condamnation, voir la somme de Jacques Prévotat, Les catholiq (…)
17Épisode décisif pour l’AF, la condamnation pontificale est un véritable ébranlement pour le monde catholique breton tant elle remet en cause, de manière fondamentale, les liens à la fois socio-culturels et politiques qui unissent l’aristocratie rurale au clergé breton.
- 16 Sur l’attitude de l’épiscopat breton et plus généralement du monde catholique régional face à la c (…)
- 17 Cf. la Semaine religieuse de Rennes, les 27 novembre et 4 décembre 1926.
- 18 Dans l’allocution consistoriale du 20 décembre 1926, Pie XI précise la portée de ses mises en gard (…)
18L’attitude de l’épiscopat dans cette crise souligne la place qu’occupe alors l’AF dans le monde catholique16. Confronté aux premières décisions de Pie XI, mettant en garde les catholiques contre l’AF, l’épiscopat breton fait, en effet, preuve de complaisance à l’égard des partisans de l’AF dans la région en minorant ouvertement la portée des décisions pontificales. La lettre de Mgr Charost, parue dans la Semaine religieuse du diocèse de Rennes, en novembre-décembre 1926, où il vante les mérites de la pensée et de l’action de Charles Maurras, illustre clairement les résistances auxquelles se heurtent le souverain pontife17. Outre les convictions monarchistes de l’épiscopat breton, cette attitude s’explique par la place qu’occupe l’aristocratie royaliste dans le soutien financier et matériel apporté aux œuvres catholiques, notamment aux écoles libres, auxquelles les prélats bretons sont très attachés. Seule la volonté inflexible de Pie XI18, relayée par une Nonciature bien informée, par les milieux démocrates-chrétiens, de ce qui se passe en Bretagne oblige progressivement les évêques bretons les plus récalcitrants à l’instar de l’archevêque de Rennes et de l’évêque de Nantes, Mgr Le Fer de la Motte, à relayer les consignes pontificales.
19Cette rupture qui s’engage, après bien des atermoiements, est un drame pour bien des royalistes bretons à l’exemple d’Henri de La Ferronnays, président du Conseil général de Loire-Inférieure, grande figure du monde royaliste breton et sympathisant actif de l’AF. La condamnation pontificale est pour lui l’ébranlement d’un monde, celui d’une aristocratie légitimiste reliée par tous les fils de son passé à la cause de l’Église ; celui d’une sociabilité où le dévouement aux œuvres catholiques participe grandement à la reconnaissance d’une primauté sociale au sein d’une civilisation paroissiale. Elle est vécue comme la remise en cause des liens intrinsèques qui relient, selon lui, l’Église à la cause monarchiste, obligeant l’aristocratie légitimiste à choisir entre la fidélité à sa foi et ses préférences politiques. La condamnation est également anticipée ici dans ses répercussions politiques régionales c’est-à-dire comme une décision favorable aux démocrates-chrétiens ce que viendront confirmer les élections de 1928.
20Un temps préservés par la bienveillance de l’épiscopat breton, les partisans de l’AF prennent conscience progressivement de l’intransigeance pontificale et de ses conséquences. C’est alors le temps du désarroi. Confrontés à l’impossibilité de vendre le journal à la sortie des offices, certains groupes voient leur activité se réduire fortement à l’exemple de la section de Saint-Malo. Le phénomène est cependant loin d’être uniforme et ne joue pas forcément dans l’immédiat puisque l’on observe la persistance de l’action propagandiste et même un net volontarisme dans les années 1928-1931. Malgré ce volontarisme, nombre de militants et de sympathisants abandonnent l’activité politique. À Nantes, si certains se réfugient dans l’abstention politique, écœurés par la condamnation, d’autres se replient sur l’activité plus traditionnelle des comités royalistes voire rejoignent d’autres formations politiques comme les Jeunesses Patriotes bien implantées dans cette ville.
21À côté des départs et abandons contraints, on observe aussi des phénomènes de résistance et d’insubordination. Une fraction de l’aristocratie bretonne entend marquer son refus de la décision pontificale. À la fin des années vingt, les manifestations au Champ des martyrs prennent ainsi une tournure résolument AF. Ses partisans s’y réunissent derrière l’amiral Schwerer, président de la ligue d’AF et domicilié en Ille-et-Vilaine, bravant les mises en garde de l’évêque de Vannes, Mgr Gouraud puis Mgr Tréhiou, tandis que Mgr Charost, qui s’est résigné à suivre les consignes de Pie XI, stigmatise l’attitude de ces « révoltés ». Une partie de l’aristocratie régionale engagée derrière l’AF a donc choisi la voie de l’insoumission ; elle réussit alors à regrouper autour d’elle, lors de ces manifestations, entre 1 500 et 2 000 personnes, preuve de la permanence d’une certaine audience malgré la condamnation pontificale.
- 19 Il y en aura quatre dans le diocèse de Rennes, dont celle de l’amiral Schwerer en 1936, une seule (…)
22Le conflit entre l’épiscopat breton, désormais rallié à l’intransigeance pontificale, et l’AF continue de marquer profondément le monde catholique breton au début des années trente. L’avènement de Mgr Mignen (1931) à la place de Mgr Charost, décédé, influe fortement sur la situation tant le nouvel archevêque de Rennes entend mettre un terme à toute complaisance. La fermeté épiscopale s’illustre notamment dans l’application des sanctions canoniques décidées par le Saint-Siège. La menace d’un refus des sacrements et particulièrement de l’extrême-onction pèse, en effet, sur les sympathisants de l’AF qui refusent de se rétracter publiquement. Si les funérailles civiles qui en sont la conséquence sont finalement peu nombreuses en Bretagne, il n’empêche qu’à chaque fois leur retentissement est grand à l’instar de celles du marquis de Kernier, ancien député de Vitré, en 1932, à Val d’Izé19. Ces cérémonies sans prêtres consacrent, pour les populations catholiques de Bretagne, l’hostilité résolue du clergé à l’égard de l’AF. Confrontée à cette hostilité, l’AF entre dans une phase de déclin irréversible. On peut parler alors d’une quasi-disparition de la ligue, à l’exception notoire de Nantes, dans la seconde moitié des années trente. Concurrencée par les Jeunesses Patriotes et surtout les Croix de feu, l’AF ne profite pas, ou peu, de la radicalisation du climat politique consécutive aux émeutes du 6 février 1934.
- 20 Le comte de Paris n’est pas encore le prétendant mais son père, le duc de Guise, lui laisse déjà c (…)
23La condamnation de l’AF a donc un profond impact sur la scène politique bretonne achevant irrémédiablement le déclin des milieux royalistes. Pendant longtemps le soutien clérical leur avait permis de garder une place importante dans la coalition des forces conservatrices malgré la montée d’une droite républicaine de plus en plus réticente à maintenir l’alliance avec les monarchistes. La condamnation vient mettre un terme à la pérennité de l’union des droites derrière la bannière cléricale. Désormais privés de l’appui du clergé, les royalistes bretons sont progressivement marginalisés, isolés à droite et confrontés à la faiblesse de leur assise sociale et politique. Seul le département de Loire-Inférieure leur accorde toujours une place politique majeure du fait de la prééminence que continue d’avoir le Comité de la droite, qu’ils dirigent, dans l’organisation de la vie politique locale. Profondément affaibli par les répercussions de la condamnation pontificale, le monde royaliste est, de plus, confronté à la rupture, en 1937, entre le comte de Paris et l’AF20. L’attitude de l’aristocratie royaliste face à cette crise indique d’ailleurs le maintien de ses sympathies pour l’AF. Les démissions du colonel de Guiny, délégué régional pour la Bretagne, des comtes de Prunelle et de La Bourdonnaye, responsables des comités du Morbihan et d’Ille-et-Vilaine montrent que la fidélité envers l’AF est alors plus forte que l’attachement à la Maison royale. À la veille de la guerre, la Bretagne ne compte plus qu’un comité royaliste en activité : le Comité de la droite de Loire-Inférieure où le marquis de La Ferronnays, conscient des intérêts électoraux qui sont en jeu, a retenu sa démission. Seule la levée de l’interdit contre l’AF, prononcée par Pie XII en juillet 1939, vient momentanément atténuer la crise profonde que connaissent les milieux monarchistes bretons.
24L’impact de la condamnation pontificale dans le monde catholique breton souligne bien la place paradoxale qu’a occupée, pendant un temps, l’AF en Bretagne. Son audience, en effet, ne s’est jamais mesurée à l’importance de ses effectifs militants, toujours modestes, mais à l’emprise considérable qu’elle exerçait sur les élites catholiques traditionnelles. En phase avec le catholicisme intransigeant, d’inspiration contrerévolutionnaire, qui constituait la culture politique dominante de ces élites, elle s’est appuyée sur un réseau de sympathies actives pour diffuser largement ses idées. C’est, du reste, son audience dans cette fraction influente du monde catholique qui explique les importantes répercussions de la condamnation dans la région. Non seulement, la condamnation met un terme au pouvoir d’attraction de l’AF dans le monde catholique mais, plus fondamentalement encore, elle ébranle en profondeur les structures sociopolitiques du monde rural breton, amplifiant et accélérant des mutations en cours. En marginalisant les milieux royalistes, elle libère les droites républicaines conservatrices d’une alliance que l’attitude du clergé avait longtemps imposée tandis qu’elle conforte la place des forces démocrates-chrétiennes. Parallèlement, en privant l’aristocratie rurale, désormais suspecte de complaisances pour l’AF, de la légitimité cléricale, la condamnation fragilise son autorité sociale tandis que la seconde Action catholique favorise l’émergence de nouvelles élites rurales issues du monde paysan. C’est finalement le vieux bloc agraire, fondée sur l’union du clergé et de l’aristocratie, longtemps dominant dans une bonne partie des campagnes bretonnes, qui se désagrège, ouvrant des perspectives, à la fois politiques et sociales, nouvelles. Si le régime de Vichy vient un temps interrompre ces dynamiques, elles s’affirmeront avec force au lendemain de la Seconde Guerre mondiale consacrant la quasi-disparition du royalisme en Bretagne.
NOTES
1 Pour reprendre la typologie élaborée par Pierre Barral dans Les agrariens français de Méline à Pisani, Paris, Armand Colin, 1968. En Bretagne, ces régions couvrent l’essentiel des campagnes du Morbihan et de la Loire-Inférieure ainsi que la partie orientale de l’Ille-et-Vilaine.
2 La commémoration rappelle ici le souvenir des émigrés fusillés en 1795 par le général Hoche après l’échec de leur débarquement à Quiberon.
3 Lettre au président du comité royaliste du Finistère, parue dans L’Action française, le 13 janvier.
4 Lettre publiée dans L’Action Française, le 13 janvier 1911.
5 Sur l’impact de cette crise dans la région, voir mon article, « Les répercussions en Bretagne de la crise entre l’Action française et le prétendant (1910-1911) », Mémoires de la Société archéologique et historique d’Ille-et-Vilaine, t. CIX, 2005, p. 361-377.
6 Pour reprendre l’expression de Pierre Nora dans « Les deux apogées de l’Action française », Annales, économies sociétés et civilisations, 1964, no 1, p. 127-141.
7 Les informations sur l’Action française en Bretagne sont malheureusement fragmentaires, notamment pour la période précédant la condamnation pontificale. Deux mémoires de maîtrise, dont les auteurs ont pu travailler sur les archives privées de dirigeants de l’AF dans la région, apportent néanmoins des informations précieuses : Stéphane Reignier, André Feildel, secrétaire régional de la IIIe zone de la Ligue d’Action française (1870-1952), UHB, 1986 ; Jacques Daboudet, La section d’Action française de Saint-Brieuc à travers les papiers personnels d’Alain Raison du Cleuziou, UHB, 1973.
8 Sur cette mobilisation, je me permets de renvoyer à mon livre, Combats pour une Bretagne catholique et rurale. Les droites bretonnes dans l’entre-deux-guerres, Paris, Fayard, 2006, essentiellement le chapitre III : « Le réveil des catholiques bretons », p. 74-102.
9 La Bretagne se situe dans une honnête moyenne pour une organisation qui compte 142 sections et environ 30 000 militants. Sur ces estimations, voir Eugen Weber, L’Action française, Paris, Fayard, 1985, p. 292 et Pierre Lévêque, Histoire des forces politiques en France, t. 2, 1880-1940, Paris, Armand Colin, 1994, p. 262.
10 D’après les travaux de Stéphane Reignier et de Jacques Daboudet, op. cit.
11 À Nantes, l’attraction de l’AF s’exerce aussi sur les milieux économiques et la grande bourgeoisie catholique qui jouent un rôle important dans la vie de la cité. On note ainsi, parmi les soutiens de l’AF, le sénateur Babin-Chevaye, qui appartient à une des plus grandes familles de l’industrie navale nantaise, ainsi que Pierre et Paul Cossé, dirigeants de la fameuse Biscuiterie Nantaise, la « BN ».
12 Premier évêque de Lille, en 1913, après avoir été vicaire général de Rennes en 1909, Mgr Charost s’était déjà fait remarquer par son opposition intransigeante aux milieux démocrates-chrétiens de la région particulièrement à l’abbé Lemire.
13 42 % des séminaristes du Grand Séminaire de Nantes en sont ainsi adhérents en 1926.
14 Lettre du 19/12/1926. Archives de l’évêché de Lille, fonds Mgr Vanneufville.
15 Pour une approche plus globale de la condamnation, voir la somme de Jacques Prévotat, Les catholiques et l’Action française, Paris, Fayard, 2001.
16 Sur l’attitude de l’épiscopat breton et plus généralement du monde catholique régional face à la condamnation, voir le chapitre IV de mon livre, op. cit., p. 103-142.
17 Cf. la Semaine religieuse de Rennes, les 27 novembre et 4 décembre 1926.
18 Dans l’allocution consistoriale du 20 décembre 1926, Pie XI précise la portée de ses mises en garde précédentes tandis que le décret du Saint-Office du 29 décembre condamne formellement certaines œuvres de Charles Maurras et le journal L’Action française. Enfin, le 8 mars 1927, un rescrit de la Sacrée Pénitencerie édicte des sanctions canoniques contre les insoumis.
19 Il y en aura quatre dans le diocèse de Rennes, dont celle de l’amiral Schwerer en 1936, une seule dans les diocèses de Nantes, de Vannes et de Quimper, aucune dans le diocèse de Saint-Brieuc.
20 Le comte de Paris n’est pas encore le prétendant mais son père, le duc de Guise, lui laisse déjà conduire les intérêts de la Maison royale. Sur cette crise, on lira avec intérêt les pages que lui consacre B. Goyet, op. cit., p. 361-378. Voir aussi E. Weber, op. cit., p. 444-450.
AUTEUR
Docteur en histoire de l’IEP de Paris, est professeur de Première supérieure au lycée Chateaubriand et chargé de cours à l’IEP de Rennes. Membre du CERHIO de l’université de Rennes 2, il a publié récemment : Combats pour une Bretagne catholique et rurale. Les droites bretonnes dans l’entre-deux-guerres (Paris, Fayard, 2006). Ses travaux portent sur l’histoire politique du monde rural français. Il prépare actuellement une biographie du comte de Guébriant.
Du même auteur
- Le moraliste et les philosophes (Descartes, Gassendi, Hobbes) : quelques aperçus épistémologiques in Entre Baroque et Lumières : Saint-Évremond (1614-1703), Presses universitaires de Caen, 2000
- Mystique paysanne, agrarisme et corporatisme : les droites radicales dans le monde rural en France au milieu des années trente in À droite de la droite, Presses universitaires du Septentrion, 2012
- La FNSEA face à la recomposition politique et partisane (1956-1967) in Les partis et la République, Presses universitaires de Rennes, 2008