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De la « crise » au retour du politique

La situation actuelle de « crise » permanente permet t-elle l’usage rationnel et efficace de la Dictature comme outil, ou la norme en vigueur n’est-elle pas en essence la cause fondamentale de cet état ?

Errare humanum est, perseverare diabolicum

Depuis le début de ce siècle, la notion de crise semble s’imposer comme un continuum, voir même comme un réel paradigme. Crise politique et géopolitique avec l’émergence d’une multipolarité et d’enjeux régionaux sur le contrôle des ressources stratégiques. Crise sécuritaire : avec le développement et la montée en puissance des oppositions asymétriques (terrorismes, intifada, nouvelles guerres des partisans…) Crise sanitaire, aujourd’hui avec la psychose d’un corona virus (Covid-19), le tout sur fond de crise climatique aux défis nombreux et souvent abscons. Tout ces phénomènes de « rupture » de la norme admise par les sociétés occidentales sont le signe tangible de la fin du dogmatisme économique-libéral tel que vécu et connu depuis les années 30. Néanmoins cela ne signifie pas pour autant la fin du Libéralisme…

La notion même de crise désigne une temporalité « autre », par essence temporaire, qui peut être surmontée par différents moyens et selon différents procédés. La « crise » est une menace contre le système c’est à dire le couple de l’Ortung et de l’Ordnung. Au sein de la Démocratie (en tant que système), le moyen optimal de préserver la norme est d’y renoncer en la conservant en dehors des cadres d’application de la loi. Pour ce faire il est nécessaire de recourir à un ensemble d’outils légaux a-normaux mis en place, temporairement et dans le but de contrecarrer la menace. C’est là, le principe initial de la Dictature, et l’histoire foisonne d’exemples d’usages de ce recours.

Cependant la Dictature, dans son acception première est inscrite au sein d’une temporalité relative à celle de la « crise ». Techniquement il s’agit d’un outil politique (et législatif) permettant la survie de la norme face à sa menace. Une fois le danger écarté il est convenu que la Dictature soit déposée pour que le paradigme normatif initial reprenne l’ascendant sur la politique et procède, si nécessaire, aux corrections utiles afin de prévenir et anticiper les crises de même nature dans un futur proche. Néanmoins, au regard de la situation actuelle, une double problématique se pose :

La situation actuelle de « crise » permanente permet t-elle l’usage rationnel et efficace de la Dictature comme outil, ou la norme en vigueur n’est-elle pas en essence la cause fondamentale de cet état ?

Il semble en effet intéressant de s’interroger sur le caractère consubstantiel de l’itérativité des crises survenant au sein du paradigme libéral. Ce faisant, si l’on se penche sur la nature et le type de ces crises, il apparaît qu’elles sont toutes politiques et s’opposent en praxis au dogme Libéral. Dans cette situation la mise en place d’un système de préservation de la norme d’origine reviendrait à conserver dans un temps plus long le paradigme actuel, lui-même à l’origine des « crises » connues.

De plus ce maintien d’un système non viable, n’aurait que pour seule conséquence l’apparition d’un «état d’exception » permanent, soutenu et dirigé par une Dictature. L’engagement de tels moyens représente donc un risque double : perpétuer un système non viable et générateur de crises de par son incapacité (essentielle) à pouvoir annuler le Politique et dans un second temps, l’usage de la dictature en tant qu’outil politique représente un risque formel de négation postérieure de la norme initiale comme tend à le démontrer les nombreuses occurrences historiques de « conservation » de « l’état d’exception »…

Deux constats s’imposent donc sur le sujet. Premièrement le système libéral en tant que négation du Politique ne peut en rien s’opposer aux différentes incarnations de ce dernier au sein de son espace propre sans avoir recours à une solution exogène et donc Politique. Deuxièmement l’occurrence des phénomènes disruptifs qui appelle à questionner le retour du paradigme Politique comme solution future, ne semble pas être, au regard de la situation et des perspectives, la solution envisagée par les détenteurs (détracteurs) de la souveraineté. On peut ici conclure sur cette citation, hélas, probante :

La République gouverne mal mais se défend bien

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