Note corporatisme.
L’historien socialiste Louis Blanc nous parle du système corporatif au Moyen-Age et de l’influence de l’Eglise sur le monde du travail :
» La Fraternité fut le sentiment qui présida à la formation des communautés de marchands et d’artisans constituées sous le règne de saint Louis. Dans ce moyen âge qu’animait le souffle du christianisme ; mœurs, coutumes, institutions, tout s’était coloré de la même teinte. Le style même des statuts se ressentait de l’influence dominante de l’esprit chrétien. La compassion pour le pauvre, la sollicitude pour les déshérités de ce monde se font jour à travers les règlements de l’antique jurande. Si l’on reconnaît dans les corporations l’empreinte du christianisme, ce n’est pas seulement parce qu’on les voit dans les cérémonies publiques promenant solennellement leurs religieuses bannières ; ces pieuses cérémonies exprimaient les sentiments que fait naître l’unité des croyances. Une passion qui n’est pas aujourd’hui dans les mœurs ni dans les choses publiques rapprochait alors les conditions et les hommes : LA CHARITÉ.
L’Église était le centre de tout. Elle marquait l’heure du travail, elle donnait le signal du repos. Quand la cloche de Notre-Dame ou de Saint-Méry avait sonné l’Angélus, les métiers cessaient de battre, l’ouvrage restait suspendu ; et la Cité, de bonne heure endormie, attendait le lendemain que le timbre de l’abbaye prochaine annonçât le commencement des travaux du jour. Protéger les faibles avait été une des préoccupations du législateur chrétien. Loin de se fuir, les artisans d’une même industrie se rapprochaient l’un l’autre pour se donner des encouragements réciproques et se rendre de mutuels services. Les métiers formaient autant de groupes pressés dans la même rue ou sur les bords du fleuve, et ne reconnaissaient d’autre rivalité que celle d’une fraternelle concurrence. «