Biographie de Joseph de Maistre

Joseph de MaistreJoseph de Maistre, né en 1754 à Chambéry, est un grand penseur qui a lutté pendant toute sa vie contre la pensée révolutionnaires de ses contemporains. Magistrat savoyard, député, puis sénateur, il consacra sa vie à démontrer que le système monarchique est divin, et demeure le seul régime capable d’apporter la paix aux hommes car il est fondé sur Dieu et l’autorité.

Il s’attaque au caractère « humaniste » de la révolution française, dans le sens où il critique le remplacement de Dieu par l’homme. Pour lui, le mal est ancré en l’homme, et pour lui, le mal c’est la division, c’est l’unité brisée, unité qui est voulue par Dieu. Or pour remédier au mal et à la division, l’on ne peut compter sur l’homme lui-même, qui est mauvais, entaché du péché originel. Il n’y a que deux moyens de salut, un moyen préventif, l’autorité, et un moyen curatif, l’expiation.

« Commençons par examiner le mal qui est en nous, et pâlissons en plongeant un regard courageux au fond de cet abîme ; car il est impossible de connaître le nombre de nos transgressions, et il ne l’est pas moins de savoir jusqu’à quel point tel ou tel acte coupable a blessé l’ordre général et contrarié les plans du législateur éternel » (Soirées, I,214).

Cette pensée pessimiste sur l’homme, est transcendée par sa foi en Dieu, et dans sa miséricorde. Pour lui, seul l’autorité peut sauver l’homme de son péché. Il dénonce donc le trop grand désir de liberté de l’homme, porte ouverte à toutes les perversions, tous les abus dont l’homme est capable. Il dénonça également les perversions chez les ecclesiastiques de France et d’Europe dans son livree Du Pape .Force est de constater que le comte de Maistre avait raison sur de nombreux points, et notamment en dénonçant le désir de liberté absolue des républicains, les « sans-culottes ». En effet, celui-ci laissait place à cette époque à un désordre moral incroyable dans la société française (il ne s’agit pas ici de citer les nombreux exemples d’orgies, de meurtres de prêtres, d’executions sommaires lors de la Terreur, les viols, l’extermination d’un peuple (la Vendée), etc…).

Le plus remarquable de ces ouvrages fut publié en 1796, sous le titre Considérations sur la France. En effet, même sans avoir jamais mis les pieds en France, il l’a décrit avec une précision incroyable, jugeant comme s’il avait vécu dans l’intimité de ses factions; il lui pronostiquait la fin de ses ravages, et osait lui montrer dans l’avenir la restauration du trône, dont les débris servaient de jouet à mille tyrans.

Quelques citations de Joseph de Maistre :

On ne saurait trop le répéter, ce ne sont point les hommes qui mènent la révolution, c’est la révolution qui emploie les hommes.

Du Pape et extraits d’autres œuvres, Textes de Joseph de Maistre présentés et choisis par E. M. Cioran, éd. J.-J. Pauvert, coll. Libertés, 1957, chap. I, p. 196

Que si l’on veut savoir le résultat probable de la Révolution française, il suffit d’examiner à quoi toutes les factions se sont réunies ; toutes ont voulu l’avilissement, la destruction même du Christianisme universel et de la Monarchie ; d’où il suit que tous leurs efforts n’aboutiront qu’à l’exaltation du Christianisme et de la Monarchie.

Du Pape et extraits d’autres œuvres, Textes de Joseph de Maistre présentés et choisis par E. M. Cioran, éd. J.-J. Pauvert, coll. Libertés, 1957, chap. IX, p. 200

Étude sur la souveraineté, 1797

De quelque manière qu’on définisse et qu’on place la souveraineté, toujours elle est une, inviolable et absolue […] Le souverain ne peut donc être jugé : s’il pouvait l’être, la puissance qui aurait ce droit serait souveraine, et il y aurait deux souverains, ce qui implique contradiction.

Du Pape et extraits d’autres œuvres, Textes de Joseph de Maistre présentés et choisis par E. M. Cioran, éd. J.-J. Pauvert, coll. Libertés, 1957, p. 159-160

Les Soirées de Saint-Pétersbourg, 1821

Et cependant toute grandeur, toute puissance, toute subordination repose sur l’exécuteur. : il est l’horreur et le lien de l’association humaine. Ôtez du monde cet agent incompréhensible ; dans l’instant même l’ordre fait place au chaos, les trônes s’abîment et la société disparaît.

La guerre est donc divine en elle-même, puisque c’est une loi du monde […]
La guerre est divine dans la gloire mystérieuse qui l’environne, et dans l’attrait non moins inexplicable qui nous y porte.
La guerre est divine dans la protection accordée aux grands capitaines, même aux plus hasardeux, qui sont rarement frappés dans les combats, et seulement lorsque leur renommée ne peut plus s’accroître et que leur mission est remplie.

Correspondance

Toute nation a le gouvernement qu’elle mérite.

Correspondance diplomatique, Joseph de Maistre, Albert Blanc (éd.), éd. Michel Lévy, 1861, t. 2, XLV, Saint-Petersbourg, 18/30 avril 1816, p. 196

Il est infiniment probable que la franc-maçonnerie de France a servi à la Révolution ; non point, à ce que je pense, comme franc-maçonnerie, mais comme association de clubs. Les quatre cinquièmes des gens qui les composaient étaient des révolutionnaires. Ils se trouvaient rassemblés. Leur Chef était à la tête de la Révolution; il est assez naturel qu’il se soit servi de cette association pour favoriser ses vues, et que les loges françaises se soient converties en clubs.

Au sujet de Joseph de Maistre

Charles Baudelaire, Hygiène

De Maistre et Edgar Poe m’ont appris à raisonner.

« Hygiène », dans Œuvres complètes (1980), Charles Baudelaire, éd. Robert Laffont, coll. Bouquins, 2004, p. 401

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