Biographie d’Albert de Mun
Le comte Albert de Mun est né le 28 Février 1841 à Lumigny, en Seine-et-Marne. Comme la grande majorité des jeunes aristocrates de son époque, il se destine à une carrière militaire et entre à l’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr. Il en sort en 1862 et rentre dans le corps prestigieux de la cavalerie, comme officier de cuirassiers. Il épouse en 1867 Simone d’Audlau.
En ce début de l’année 1870, il prend part à la guerre franco-prussienne qui oppose l’Empereur Napoléon III au Royaume de Prusse. Fait prisonnier à Metz en 1870, le jeune officier est placé en captivité outre-Rhin en compagnie de son ami René de la Tour-du-Pin, disciple de Fréderic Le Play. Ensemble, ils découvrent à cette occasion l’œuvre sociale de quelques grandes figures du catholicisme social, l’évêque Monseigneur Ketteler notamment. Albert de Mun décide à ce moment là de se vouer à l’action sociale et chrétienne, tout comme l’avait fait quelques années avant lui le député du Haut-Rhin Emile Keller.
L’année suivante, la violence de la répression de la Commune de Paris le marque profondément. Il mesure le fossé qui sépare le monde ouvrier des dirigeants politiques et des élites économiques adeptes du libéralisme, l’idéologie dominante condamnée en 1864 par le pape Pie IX avec le Syllabus.
Albert de Mun démissionne et quitte l’armée. En compagnie de René de La Tour-du-Pin, il fonde en décembre 1871 les Cercles Catholiques Ouvriers, des associations ouvrières encadrées par des membres de la bourgeoisie catholique, selon les vues de Le Play. La revue l’Association Catholique, fondée en 1876 et qui paraîtra jusqu’en 1891, lui permet d’exposer sa doctrine sociale. Celle-ci a pour vocation d’unir les classes dirigeantes et les populations ouvrières autour de valeurs morales communes, comme il le proclamera régulièrement pendant ses discours. Albert de Mun entend ainsi éduquer le monde ouvrier selon l’esprit de l’Évangile et en dehors des aspirations révolutionnaires. L’œuvre des Cercles connaît une rapide expansion. En 1878, elle compte 375 cercles fréquentés par 37.500 ouvriers et 7.600 membres des classes dirigeantes. Son déclin s’amorce cependant dans les années 1880, le clergé se méfiant d’une œuvre aux mains des laïcs, les entrepreneurs industriels lui portant peu d’intérêt.
Dès 1876, l’engagement politique d’Albert de Mun accompagne son œuvre sociale. Il est en effet élu député à plusieurs reprises sous la IIIe République. Comme son prédécesseur Montalembert sous la Monarchie de Juillet, ses convictions l’invitent à constituer un parti politique catholique. Catholique et légitimiste, Albert de Mun ne cachera jamais ses opinions royalistes. Ainsi, il déclare à Vannes, le 8 mai 1881 : « Je suis royaliste dans la sincérité de ma conscience catholique et de Français. »
Quelques années plus tard, en 1892, il se rallie au régime républicain, en catholique ultramontain, sur l’invitation du Pape dans son encyclique Au Milieu des Sollicitudes (février 1892). Ceci lui vaut d’ailleurs l’hostilité des royalistes et la défaite aux élections législatives de 1893 ; son retour à la Chambre des Députés dès l’année suivante n’étant que le fait d’un succès à une élection partielle concernant Morlaix.
Orateur écouté et brillant, Albert de Mun contribue par son action au vote de lois concernant le monde du travail et favorables aux ouvriers, notamment la loi Waldeck-Rousseau autorisant les syndicats professionnels (1884), les lois concernant les accidents et la durée du travail, la conciliation et l’arbitrage ainsi que le travail des femmes (1892). Il lutte également activement contre les lois scolaires (votées de 1881 à 1886) et la partition de l’enseignement mais également contre la séparation de l’Église et de l’État. Membre de l’Académie Française depuis 1897, il rédige Contre la Séparation en 1905, puis fait également publier en 1908 Ma Vocation sociale.
Albert de Mun rendit son âme à Dieu quelques temps après, à Bordeaux, le 6 Octobre 1914.