Biographie d’Arthur de la Borderie
L’Histoire de la Bretagne, si vaste et si dense, connu de nombreux chantres au fil de l’Histoire, de Michel de Mauny à Léon Fleuriot en passant par Job de Roincé et tant d’autres. Parmi toutes ces éminentes figures de l’historiographie bretonne, Arthur de la Borderie fait figure d’atypique précurseur et reste aux yeux de tous comme le « père de l’historiographie bretonne », notamment par son monumental ouvrage en six tomes Histoire de la Bretagne.
Né à Vitré (35) en 1827, Louis-Arthur Le Moyne de la Borderie s’inscrit parfaitement dans son siècle, grandissant dans une famille bourgeoise aisée et s’intéressant rapidement à l’Histoire grâce aux cours du grand historien breton Julien-Marie le Huërou au Collège Royal de Rennes. Suivant à regret le souhait de son père en étudiant le droit à Rennes, il devient notaire et rentre par la suite à l’Ecole des Chartes dont il sortira premier en 1852. Très influencé par le positivisme et l’étude scientifique de l’Histoire, Arthur de la Borderie pourra s’adonner dès 1853 à une étude approfondie des textes anciens, et notamment sur « le Trésor Ducal », aux Archives Départementales de Nantes.
Dès lors, il n’aura de cesse de s’investir dans diverses associations et publications pour témoigner son attachement à la Bretagne Historique, se voulant chantre de l’ancienne Patrie bretonne tout en restant fermement attaché à la Grande Patrie Française : membre fondateur de la Société archéologique et historique d’Ille et Vilaine dont il est le président de 1863 à 1890, directeur de la Revue Historique de Bretagne et de Vendée de 1867 à 1900, principal acteur de la reformation de l’Association Bretonne en 1873, etc…
Tous ces points n’en font pas oublier l’engagement politique monarchiste d’Arthur de la Borderie. Farouchement opposé au Second Empire comme aux principes républicains, il s’engage en politique et devient Conseiller Général d’Ille et Vilaine de 1864 à 1871, puis député de Vitré jusqu’en 1876. Pendant cette période, il fut le rapporteur de l’enquête parlementaire sur le désastre de Conlie, où des centaines de soldats bretons furent abandonnés dans des conditions inhumaines par la république en 1871.
Ne se représentant plus en 1876 suite à l’avènement de la III République, il commence alors à entamer la publication de nombreux ouvrages (dont le fameux Louis de la Trémoille en 1877, premier d’une longue série), et se voit confier un cours libre à la faculté de lettres de Rennes entre 1890 et 1894. Elu en 1889 à l’Académie des Inscriptions et des Belles lettres, il continuera à publier quasi-annuellement des ouvrages historiques jusqu’à sa mort, le 27 février 1901.
Si la méthodologie historique du « père de l’historiographie bretonne » est actuellement critiquée par les historiens, tous saluent « l’intellectuel d’une ampleur indiscutable ». Et aujourd’hui, il n’y a pas à hésiter à le faire découvrir aux jeunes générations, tant la lecture attentive de l’Histoire de la Bretagne d’Arthur de la Borderie peut être source de leçons historiques et, pourquoi pas, politiques pour notre société moderne.