Fustel de Coulanges : « grand historien national »

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Numa Denis Fustel de Coulanges, né le 18 mars 1830 à Paris, mort le 12 septembre 1889 à Massy, est un historien français.

Son ouvrage le plus connu est La Cité antique, paru en 1864. Pour autant c’est moins l’auteur de la Cité antique que nous admirons que celui de l’Histoire des Institutions politiques, même si la Cité antique, où Fustel démontrait que la famille a d’abord été une association religieuse : « la hiérarchie pyramidale des autorités naturelles » : Maurras reprendra cette idée en passant de la famille à la monarchie corporative.

Fustel de Coulanges présente la particularité de n’être ni un historien de l’Antiquité, ni un historien de la période médiévale : il a consacré vingt-cinq ans de sa vie et dix épais volumes « à traiter de manière continue et systématique l’histoire de la Gaule romaine et de la Gaule “ franque ” du ive au viie siècle » sans tenir aucun compte de la distinction traditionnelle entre Antiquité et Moyen Âge

D’origine bretonne, Fustel de Coulanges eut une carrière de professeur et d’historien. Après avoir été élève de l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, il fut nommé membre de l’École française d’Athènes et, pendant son séjour en Grèce, dirigea des fouilles archéologiques dans l’île de Chio. De 1860 à 1870, il fut professeur à la Faculté des lettres de Strasbourg. Puis il vint à Paris, où il fut maître de conférences d’histoire ancienne à l’École normale supérieure à partir de 1870. Il devint à la Sorbonne le suppléant d’Auguste Geffroy. En 1878, il devint titulaire de la chaire d’histoire du Moyen Âge qui venait d’être créée à son intention, à la Sorbonne. En février 1880, il fut porté à la direction de l’École normale supérieure, qu’il quitta en 1883 pour reprendre son enseignement à la Sorbonne. Il continua cet enseignement jusqu’à sa mort.

Fustel de Coulanges exerça une profonde influence morale sur ses disciples. Il émanait de lui une sorte de rayonnement austère qui enseignait l’ascétisme intellectuel autant que le travail historique.

C’est dans le domaine de la recherche historique que Fustel de Coulanges fut un véritable novateur et engagea la science française dans une voie nouvelle et nécessaire.

Précurseur de la sociologie, par l’exemplarité de sa méthode, il connut une renommée certaine en Italie. Il insista dans son œuvre sur l’importance de la longue durée et relativisa l’importance du fait racial dans l’histoire de la France au profit de l’impact des institutions.

L’œuvre de Fustel de Coulanges reste encore précieuse par sa qualité intrinsèque mais surtout par les efforts de l’auteur pour essayer de reconstituer avec le plus d’exactitude possible les sentiments et les besoins des hommes du temps passé. Son influence est importante, notamment pour ce qui est de l’interprétation du rôle fondamental des religions dans la structuration des sociétés.

Pour Charles Maurras,  Rome représente la synthèse entre héritage antique et tradition chrétienne puis catholique, successivement la Rome des Empereurs puis la Rome des Papes. C’est l’idée que Maurras résume dans le fameux texte « Barbares et Romains ». Fustel de Coulanges  a notamment démontré la permanence romaine par-delà les invasions barbares du ve siècle, ne pouvait que séduire : ainsi en 1905 elle célèbre avec éclat le soixante-quinzième anniversaire de sa naissance. En 1926, quelques enseignants proches de l’Action française créent le Cercle Fustel de Coulanges, invoquant eux aussi la figure tutélaire de l’historien de la réconciliation nationale : l’histoire de France selon Fustel aboutirait à dépasser le clivage de 1789, à ne plus en faire en tout cas la revanche des Gaulois asservis sur les Francs autrefois victorieux. C’est cette conception “ romaniste ” que les membres du Cercle voudraient voir triompher dans les livres d’histoire.