Critique littéraire

Pourquoi je suis moyennement démocrate, par Vladimir Volkoff

La démocratie est considérée comme le meilleur système politique que l’homme ai jamais conçu, et le meilleur rempart contre les extrémismes politiques. À tort ou à raison ?

À l’heure ou les partis et les idées d’extrême droite progressent en Europe, et ou un resserrement significatif des libertés individuelles s’opère dans la majorité des pays démocratiques, il est bon de s’interroger sur nos valeurs fondamentales d’égalité de liberté et de fraternité, cristallisées dans ce qui est considéré comme le meilleur système politique que l’homme ai jamais conçu : la démocratie.

Celle-ci subit-elle les assauts de personnes « primaires » et xénophobes, réfractaires à toutes idées nobles… ou porte-t-elle au cœur même de ses idéaux les germes de sa propre autodestruction ?

L’heure de l’autocritique
La démocratie est actuellement adulée à un tel point que quiconque s’avise seulement de la critiquer se voit automatiquement rangé dans le camp des ennemis du progrès humain.

Et pourtant, se refuser de réfléchir sur ce qui façonne littéralement le devenir de beaucoup de sociétés actuelles revient automatiquement à « diaboliser » ses ennemis (extrême droite, islamistes…), sans chercher à comprendre, ou mal, comment de plus en plus de gens peuvent, en votant ou en se raillant à certaines causes, contribuer à la disparition des principes républicains.

Le livre de Vladimir Volkoff – auteur reconnu de livres sur la désinformation (1) – nous invite, à travers une critique salutaire de nos valeurs démocratiques,  à les connaître plus intimement, à cerner certaines de leurs limites, et à mieux comprendre ainsi certains grands problèmes actuels de société (insécurité, xénophobie…).

Les vices et vertus de la pensée démocratique
La démocratie, c’est d’abord un mode unique de désignation des gouvernants : ceux-ci sont élus par le peuple, c’est à dire par une majorité de citoyens. C’est un état social, basé sur la notion fondamentale d’égalité : égalité politique mais aussi, voire surtout, égalité sociale, économique et culturelle. Cette particularité fait la fierté des gouvernements qui s’y soumettent, en y voyant l’application maximale de la pensée humaniste occidentale, où le pouvoir et la raison doivent appartenir au plus grand nombre.

La démocratie se distingue d’autre modes plus « classiques » de gouvernements – tels que la monarchie – tous basés sur le principe de l’élitisme (le pouvoir appartient à une minorité d’individus ayant les compétences et les vertus nécessaires pour gouverner et décider).

Cependant, pour l’auteur, le seul véritable avantage de ce mode social de scrutin réside dans… l’acquiescement des gouvernés. Pour lui, en effet les désavantages pratiques sont nombreux, suffisamment en tout cas pour ne pas considérer d’office la démocratie comme la « Rolls Royce » des systèmes de gouvernements :

1 – En déléguant au « peuple », le droit de choisir ses gouvernés, celui-ci devient responsable de ses choix : à lui de faire preuve de sagesse et de qualités assez élevées en votant pour le régime ou les valeurs qui lui conviennent… pour le meilleur et pour le pire : Hittler rappelons-le, a été ainsi élu.

2 – La démocratie est le gouvernement du peuple : il est amusant de constater que ce terme révèle au moins deux définitions très différentes utilisées suivant les circonstances : dans son acceptation la plus positive il désigne le plus grand nombre d’individu composant un pays. Mais « peuple » à aussi une connotation moins valorisante, dans le sens de classes populaires les moins élevées de la société : ce serait donc, suivant les idéaux démocratiques, les classes les plus pauvres et les moins éduquées qui auraient toutes les aptitudes requises pour diriger un pays ?

3– Un autre paradoxe important réside dans la gymnastique délicate réservée à la notion de « majorité » : que penser de Louis XVI condamné à mort par cinq voix de majorité ? Du traité de Maastricht (équivalent à un abandon de majorité), adopté en France par 51 % des votes exprimés ?

Les meilleures démocraties sont celles qui se contredisent
Fortes de leurs nombreuses contradictions intérieures, il semble que les meilleurs démocraties, soient-celles… qui s’imposent à elles-mêmes d’importantes limites.

La démocratie suisse repose largement sur des structures de société traditionnelles, en particulier celle des cantons. Le Suisse qui vote vote généralement sur des questions qui sont de son ressort et de sa compétence.

Le système américain veille au maintien d’une certaine élite aux postes de pouvoirs : il semble naturel aux américains que les présidents de la république soient proches parents entre eux, qu’un président recrute son propre frère comme Garde des Sceaux. Les grandes universités de « l’Ivy League » forment une élite traditionnelle, cimentée par un mode de vie commun, et, souvent, des mariages dans le même milieu.

« Les principes démocratiques ont depuis leurs naissances flirté avec les inégalités et les paradoxes»

Démocratie à deux vitesses ?
Les principes démocratiques ont depuis leur naissance flirté… avec les inégalités et les paradoxes  : la démocratie athénienne était fondée sur l’esclavage, les esclaves n’ayant bien sûr pas droit au titre de citoyen. Au 19e siècle, la colonisation prit son envol, en même temps que les idéaux démocratiques… Aujourd’hui, les grands enjeux de société (OGM, mondialisation économique) se font sans consultation aucune de chacun.

Les liens troubles avec le totalitarisme et le fascisme
Il est très intéressant de constater que les totalitarismes politiques se sont toujours réclamés des idéaux démocratiques. Plus inquiétant, il y a eu en France, le 14 juillet avant la Terreur, en Russie, Février avant Octobre, et Hittler comme vu plus haut. Les guerres de la Révolution française ont été livrées sous le prétexte de libérer les peuples européens du despotisme…
 

Démocratie, un mode de gouvernement anti nature ?
Mr volkoff constate aussi que la démocratie n’existe pas dans la nature : l’inégalité sociale est en effet très répandue dans le monde animal. Il est cependant regrettable que l’auteur ne développe pas plus le sujet, pour éviter des conclusions trop hatives.

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