Notes politiques d’Henri Vaugeois
Notes politiques d’Henri Vaugeois sur les élections. Vaugeois s’adresse ici au politicien Théodore Steeg en Octobre 1907 :
[…]Eh bien! Cette nécessité [de voter pour les socialistes, ndlr] qui risque de devenir fâcheuse pour vous, savez-vous à quoi elle tient? Tout simplement à l’essence même du régime républicain, à la fiction démocratique, sur laquelle il repose; au système du gouvernement des partis, des « petites foules », du nombre. Le gouvernement du nombre, des « petites foules », des partis ne consiste jamais qu’en des satisfactions données par les gouvernants, esclaves de leur majorité, à un sentiment commun, à une confuse passion qui anime cette majorité, qui la groupe et la tient, qui la constitue. Rien de plus grossier, de plus simpliste, de plus brutal et de plus aveugle que ces forces, qui deviennent les seules sources de l’autorité et les seules règles de l’énergie de l’homme d’Etat.
Je ne concevrais pour vous qu’une seule chance de voir défendus sérieusement, intelligemment, ces intérêts vitaux du pays à propos desquels votre patriotisme s’alarme à bon droit, et de les voir triompher, enfin, ces intérêts sacrés, dans les conseils du gouvernement, sans que le gouvernement fût engagé pour cela à vous imposer tous les sentiments des hommes de la vieille droite c’est si ce gouvernement cessant d’être l’esclave, la chose d’une majorité, soit réactionnaire, soit révolutionnaire, c’est-à-dire d’une de ces petites foules qui ne sont animées, liées, et mues, que par des sentiments et des passions, c’est-à-dire par ce qu’il y a dans la nature humaine de plus confus et de plus brutal, si le gouvernement, dis-je, redevenait l’œuvre et l’action, libre et réfléchie, de quelques véritables intelligences, capables d’apercevoir, de haut, les intérêts précis, positifs, divers et distincts dont l’accord doit- être trouvé chaque jour, pour que la nation vive.
Or, je dis que de telles intelligences, de telles volontés, celles d’hommes d’État véritables, ne travailleront en paix et avec fruit que lorsqu’elles n’auront de comptes à rendre qu’à un seul souverain au roi de France, de toute la France, ce chef, dont on n’eut jamais à craindre aucune « compromission », avec aucun parti, soit révolutionnaire, soit réactionnaire. Car son souci, dominant, perpétuel, unique, n’est-ce- point, dépassant et négligeant les partis, tous les partis, de veiller d’abord au Bien commun et public, le Bien public se trouvant ne faire qu’un avec son bien propre?