Courrier des lecteurs : de la contre-révolution…
Voici un courrier reçu d’un de nos lecteurs sur les conférences données le Samedi 21 Avril par la Fédération Bretonne Légitimiste. Elle peut servir de base pour de saines discussions politiques, en bonne entente et en bonne intelligence. Vous pouvez également débattre de ce sujet sur notre forum.
La fédération bretonne légitimiste a donné une journée au cœur de la Bretagne dans un manoir en granit entre deux averses. Trois conférences furent données. On trouvera ici quelques réflexions sur la première donnée par le professeur Marc Faoudel et intitulée : Principe moteur de la Révolution, le piège du suffrage universel.
Le conférencier est parti d’une évidence que l’on oublie trop souvent. Se qualifier de contre-révolutionnaire est d’une certaine manière se déterminer par rapport à la Révolution. Or la pensée royaliste préexiste bien entendu à la Révolution mais surtout subsiste malgré elle. C’est en tant que défenseur de l’ordre traditionnel que l’on n’est royaliste et non pas comme simple opposant au système actuel qui est issu de la Révolution.
Par la suite le conférencier nous a montré de façon éloquente combien l’acte révolutionnaire lui-même n’était ni plus ni moins que l’acte du péché originel et même au delà l’acte de révolte de Lucifer et son « non serviam » auquel a réagi l’archange saint Michel, le premier légitimiste de l’Histoire en répondant : « Quis ut Deus ». Et l’on pourrait lire longuement l’histoire entière sous cet aspect. Malgré tout la Révolution semble avoir une place particulière puisqu’elle a introduit de façon effective et systématique cet aspect au cœur de l’Histoire par ce qu’il convient d’appeler un moteur.
Un moteur a besoin de deux éléments pour fonctionner : une différence de potentiel ainsi qu’un canal. Ainsi l’on voit bien la différence de potentiel dans un moteur électrique ou une roue à aube ainsi que le canal conducteur dans ces deux cas. Le moteur révolutionnaire a établi la différence de potentiel entre la cité de Dieu, reposant sur le droit divin et le droit naturel et la cité terrestre qui elle repose sur l’immanence et les droits de l’homme. Quant au conducteur, au canal qui permet de passer du premier potentiel à l’autre, il s’agit tout simplement de la haine, fabriquée, diffusée et entretenue par le mensonge universel. Cette haine est bien ce qui anime les trois grandes idéologies issues de la Révolution : la haine de l’inégalité naturelle. Inégalité pourtant si nécessaire et bénéfique puisque c’est grâce à elle que l’homme peut vivre en société de façon harmonieuse, chacun étant satisfait de se trouver à sa place et d’y accomplir ce qu’il sait faire pour le bien commun.
Si le moteur est lancé sous la Révolution, il ne peut cesser de tourner sous crainte de se voir détruit. Il doit donc être entretenu en permanence par la religion qui a remplacé l’ordre traditionnel. Il a son dogme : la volonté générale, son credo : la déclaration des droits de l’Homme et bien sur son sacrement : le vote.
C’est bien sûr ce dernier point qui peut faire débat parmi nous. Le comte de Chambord invitait les royalistes à un silence assourdissant lors des élections par un abstention massive. Le pape Léon X, pensant que la France étant très majoritairement catholique, le vote des catholique ne pourrait que permettre, même dans des institutions imparfaites, de restaurer la cité de Dieu en France. Il faut croire qu’il avait méjugé de la mécanique révolutionnaire qui loin de tourner dans le vide fauche les épis murs.
Que pouvons-nous faire pour enrayer ce moteur qui une fois stoppé disparaitra aussitôt ?
Prier bien sûr mais cela ne saurait suffire il faut aussi agir en mettant l’amour là où l’on a mis la haine dans l’inégalité naturelle à l’exemple du roi qui suivant le commandement du Christ lavait les pieds des pauvres le jeudi saint. Il faut enfin cesser d’apporter notre pierre d’orgueil et de haine à l’édification de cette cité de haine en cessant de se laisser berner par l’illusion du vote.
Voilà bien succinctement et maladroitement quelle fut le propos de cette conférence. Il est bon de voir qu’il y a des gens qui méditent profondément et rigoureusement parmi les royalistes et qui offrent des modèles de réflexion solides qui nous invitent à prolonger encore nos réflexions.
Paul de Millières