L’erreur socialiste sur l’impôt
« Grâce à la bureaucratie et au socialisme, il n’y aura bientôt que deux partis en France : ceux qui vivent de l’impôt et ceux qui en meurent »
Par cette citation, Achille Tournier soulignait le véritable nerf de guerre, le pilier même du socialisme : l’impôt, mû par un utopique désir d’égalité qui a aujourd’hui pris la forme d’un véritable égalitarisme. Ainsi, la taxation systématique et forcenée est progressivement devenue règle d’or gouvernementale, sciant inconsciemment la branche économique sur laquelle repose tout l’édifice : l’épargne, l’esprit de prévoyance et d’intelligence qui pousse l’homme à un effort moral en vue d’affronter sereinement les difficultés à venir.
Le nouveau gouvernement Ayrault-Hollande, fort de sa majorité (toute relative) et sûr de son soutien populaire, n’ose encore mettre en place ce renforcement des impôts que certaines voix socialistes commencent à réclamer. Martine Aubry en tête s’est élevée pour réclamer « une hausse des impôts », arguant « les immenses marges de manœuvre en faisant rentrer des impôts complémentaires ». La cible des socialistes est, quant à elle, d’une opacité sans pareille: « ceux qui ont eu tant de privilèges, au dépens des autres », autant dire tout le monde…
Mais ne nous voilons pas la face : la grande gifle économique arrivera à l’automne de cette année, peu de temps après les échéances législatives qui auront au moins eu l’intérêt de geler quelques mois les inepties gouvernementales. Impôts généreusement augmentés, plafonds abaissés et taxes rehaussées : tout sera bon pour financer les généreuses rétributions accordées en quelques mois, promesses démagogiques obligent.
Gilles Carrez, ex-rapporteur UMP du Budget à l’Assemblée Nationale, s’est récemment fendu d’une conjecture économique intéressante, estimant à près de 20 milliards d’euros (1% de la richesse nationale française) le coût des récentes mesures socialistes sur les cinq prochaines années. S’il faut savoir raison garder et prendre ces chiffres avec les pincettes que le bon sens oblige, il n’est pas déraisonnable de penser que ces mesures démagogiques (décret sur les retraites, allocations de rentrée et hausse du SMIC) pèseront certainement très lourd sur les finances françaises, pénalisant au passage le taux d’emprunt français sur les marchés, pourtant aujourd’hui rendu à un faible taux de 3%.
La véritable crainte, que souligne à raison Gilles Carrez, repose sur la nature même des principales cibles de la hausse des impôts : l’exode fiscale étant, hélas, une triste réalité que seule la caste politicienne semble ignorer, les mesures économiques à venir pèseront assurément sur les classes moyennes, ces humbles travailleurs qui, à défaut de vivre de l’impôt, verront chaque jour le fruit de leur travail légalement spolié pour nourrir cet insatiable égalitarisme républicain.
« Les conservateurs sociaux s’inquiètent surtout du poids de la dette des États, dont les intérêts dévorent l’épargne du passé, empêchent celle du présent de se convertir en capitaux utiles et escomptent celle de l’avenir.
Les socialistes, au contraire, veulent faire reposer toute l’activité industrielle ou commerciale sur le crédit de l’État. »
René de la Tour du Pin, Aphorismes de Politique Sociale