Démocratie et divisions…
Il n’est pas une seule journée où, des confins de l’Ardèche aux doux paysages bretons, les louanges du système démocratique ne s’entendent. Paradigme politique mais également référentiel social, le rêve démocratique semble donc devoir s’appliquer à tous les niveaux de l’édifice national, devant garantir pertinence et pérennité aux yeux des observateurs les plus sceptiques. D’ailleurs, gare à l’outrecuidant qui oserait, par mégarde ou infâme tromperie, franchir le Rubicon : hors de la démocratie, point de salut ! Que les tyrans soient prévenus…
Esprit de parti
Un minimum de cohérence devant soutenir les emphases politiciennes, aucun parti républicain ne saurait souffrir de ne pas appliquer les sacro-saints principes démocratiques en interne. PS et UMP en tête, les ténors s’y sont donc adonnés cette année, choisissant tour à tour leur « poulain » et essayant avec peine de feindre une quelconque unité, histoire d’oublier les multiples phrases assassines distillées pendant les campagnes internes…
En effet, qui a pu oublier cette magnifique sortie, très actuelle au demeurant, de Ségolène Royal sur l’actuel président Hollande : « Le point faible de François Hollande, c’est l’inaction. Est-ce que les Français peuvent citer une seule chose qu’il aurait réalisée en trente ans de vie politique ? Une seule ? »
L’UMP n’est pas en reste bien évidemment, le couple Copé-Fillon ayant eu à cœur d’égrener à leur tour leur petit chapelet de saillies infantiles. Estrosi lui-même n’a-t-il pas dit que « Jean-François Copé était déjà dans les petites phrases un mois et demi à l’avance » ?
L’unité au sein du parti ne peut dès lors qu’apparaître factice, surfaite et hypocrite. Georges Bernanos lui-même écrivait que « Les démocraties ne peuvent pas plus se passer d’être hypocrites que les dictatures d’être cyniques »…
Division démocratique
Car voilà bien la principale leçon à tirer des élections internes de l’UMP : la démocratie n’est pas intrinsèquement pertinente, et peut même, appliquée à outrance et sans réflexion, détruire ou tout du moins fragiliser les édifices qu’elle est censé protéger.
Appliquée à la première magistrature nationale, elle la fragilise durablement, rendant l’exécutif vacant et catalysant ainsi les haines et les divisions. A tous les étages politiques, cette division se retrouve de la même manière, constante et à peine voilée, et la simple lecture de quelques bons ouvrages historiques le prouve : dans l’Histoire de deux peuples, Jacques Bainville expliquait comment, en maintenant l’élection à la plus haute magistrature de l’Empire Allemand, les français et leurs alliés avaient su fragilisé l’Allemagne pour s’en protéger.
A l’heure où l’Histoire est clouée au pilori de la bienpensance et de l’idiotie politique, ces importantes leçons tombent malheureusement dans l’oubli et laissent leur place à l’idéologie et aux dogmes. Georges Sorel écrivait, dans son ouvrage Réflexions sur la Violence, « L’Histoire de la démocratie nous offre une combinaison bien remarquable d’utopies et de mythes »…
Tous les efforts de l’actuelle république ne se fondent pas dans l’amélioration de cet état de fait démocratique mais dans la négation systématique, idéologique voire pénale, de toute remise en cause de ce même état. En sachant pertinemment l’impasse politique de cette attitude dramatique.