Critique littéraire

Réquisitoire contre l’argent, de Philippe Landeux

Réquisitoire contre l'argentInternet offre de tout. Cette grande assemblée numérique permet d’accéder au meilleur comme au médiocre. Elle est même devenue un espace éditorial pour de jeunes auteurs talentueux à qui la chance n’a pas souri. Sur le dénommé site « Thebookédition.com », qui se propose d’imprimer à l’unité son manuscrit, on peut trouver au hasard des petits essais épatants. Le Réquisitoire contre l’argent (ou théorie de l’égalité) est l’un d’eux. Son auteur ? Un certain Philippe Landeux, qui développe dans son ouvrage une clarté d’esprit et une logique dans la réflexion qui manquent bien souvent à nos intellectuels médiatisés.

Le titre ne trahit pas l’ouvrage : le lecteur est transporté dans un prétoire, avec un accusateur et des jurés. Mais le procès est étrange : le supposé coupable n’est pas humain, ni même matériel. Il est un concept, celui d’argent. Inspiré et enflammé, l’orateur devra user de tous ses arguments pour convaincre un jury interloqué par la teneur de l’accusation. L’ambiance électrique ressemble à celle d’une convention révolutionnaire, la terreur en moins.

Comment juger ce simple moyen d’échange qu’est l’argent ? Vent debout contre le scepticisme du jury, l’accusateur développe son idée, patiemment, avec une logique implacable. Il revient aux concepts fondamentaux du droit et de la citoyenneté. Et décoche d’emblée sur l’argent une flèche mortelle : « L’Argent, c’est la croyance que la notion de valeur (marchande) est nécessaire pour échanger ». L’argent dépasse le troc en cela qu’il bouleverse tout le lien social. Car, pour échanger, chacun en est réduit à acquérir ou vendre de la valeur marchande.

Dans la Cité au contraire, c’est la production de devoirs qui conditionne l’accès à des droits. Et le marché des biens et des services fait partie de ces droits, affirme l’accusateur. « Dans l’état de Nature, nul n’a de Droits ; rien n’est à personne ; tout est à la disposition de celui qui a la force de s’en emparer ou de le conserver ». Il n’y a donc pas de droits possibles sans société humaine organisée. « (…) Les Droits n’existent que s’ils sont générés par quelqu’un et reconnus par quelqu’un d’autre. Les Droits ne peuvent donc être innés ou naturels dans la mesure où ils doivent non seulement être générés par un Devoir (ou un faisceau de Devoirs) envers une Société mais encore être reconnus et garantis comme tels par cette Société (…). Les hommes n’ont aucun Droit par nature. Seuls les Citoyens peuvent avoir des Droits (au vrai sens du terme). Or, on ne nait pas citoyen, on le devient. »

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