La grosse fatigue des petits patrons
En vingt ans, jamais le moral des petits patrons français n’avait été aussi bas. Selon le baromètre publié par l’Ifop le mois dernier, 57 % des dirigeants de PME sont inquiets pour leur entreprise. La banque publique Oséo les a également interrogés : un sur trois prévoit une dégradation de son chiffre d’affaires d’ici à la fin de l’année. « Même en 2008-2009, le moral était meilleur, confirme Lucien Traon, président de la Confédération générale des petites et moyenne entreprises de Bretagne (CGPME). On avait de la trésorerie, beaucoup n’en ont plus. On pouvait adapter nos effectifs, gagner en productivité. Là, on ne dispose plus de marge de manœuvre. »
Responsable du secteur entreprises de l’Assurance-crédit de l’Ouest, Mathieu de Moucheron passe une partie de sa vie à sonder les cœurs et les reins des acteurs de l’économie régionale. « Le principal problème est la faiblesse des trésoreries. Il y a un effet ciseau : le chiffre d’affaires plonge et il devient de plus en plus difficile d’avoir accès aux liquidités auprès des banques. Pourtant, de l’argent sur le marché, il y en a ! Et qui ne demande qu’à s’investir ! C’est la confiance qui fait défaut. »
En manque de fonds propres, les PME deviennent vulnérable au premier coup de tabac. Et le Crédit d’impôt compétitivité mise en place par le gouvernement ne trouve guère grâce aux yeux des petits patrons. Une majorité (55 %) n’a pas l’intention d’y recourir : car trop complexe (pour 49 %) mais surtout par manque d’information (pour 60 %).