Martigues et ses trente beautés
Le 11 juillet 1888, Maurras est reçu à la Société des Félibres de Paris. Il a alors tout juste vingt ans, et réside dans la capitale depuis deux ans et demi ; il y passe son temps dans les bibliothèques et vivote d’articles qu’il donne à L’Observateur français, à La Réforme sociale et à quelques autres revues.
Il est encore totalement inconnu du public, mais pas de la Société des Félibres de Paris ; en effet, quelques mois plus tôt, celle-ci organisait un concours sur Théodore Aubanel. Son choix se porte à l’unanimité sur une contribution montrant un tel niveau de connaissance du sujet que tout le monde est convaincu que le nom du lauréat, Maurras, est un pseudonyme sous lequel se cache quelque vieil érudit.
De cette aventure, le jeune Charles Maurras aura gagné un Premier prix décerné par le Ministère de l’instruction publique, ainsi qu’une invitation à rejoindre la Société des Félibres de Paris, ce qui sera fait ce 11 juillet. Ce soir-là, en l’absence du président Sextius Michel, la séance est animée par M. Maurice Faure, ancien ministre et vice-président du Sénat, alors député de la Drôme. Maurras y prononce, en guise de discours de réception, un éloge en provençal de sa ville de Martigues, à laquelle il attribue trente beautés.