Utoya, de Laurent Obertone
Une bombe littéraire. On attendait un rapport d’enquête et des extraits des écrits du tueur ; nous avons la vision intime d’Anders Breivik, l’homme qui a fait trembler la Norvège en massacrant les jeunes membres du tout puissant parti politique au pouvoir.
Le 22 juillet 2011, après des années de préparation, un homme seul fait exploser une bombe près d’un bâtiment gouvernemental à Oslo, puis – se faisant passer pour un policier – accoste sur l’île d’Utoya où se tient le camp d’été des jeunes du parti travailliste. Lourdement armé, il y tue froidement soixante-dix personnes avant de se rendre à la police. Le matin du massacre, Anders Breivik avait pris soin d’envoyer à des milliers de contacts un manifeste intitulé 2083 : vers une déclaration d’indépendance européenne.
Dans ce pays baigné de tolérance et de multiculturalisme, c’est le choc. Car Breivik n’a pas agi comme le ferait un fou (il sera d’ailleurs décrété « sain d’esprit » par les psychiatres). Il a commis un acte politique revendiqué. Un précédent majeur dans une Europe davantage habituée aux attentats islamistes.
Le livre commence par le récit terrible du débarquement sur l’île d’Utoya et de la tuerie qui s’ensuivit. Aucun détail n’est épargné, et Obertone – qui prête son excellente plume à Breivik – fournit quelques unes des motivations de l’homme. Se basant sur les auditions du tueur, son manifeste de 1500 pages et les rapports de police, il reconstitue pas à pas les évènements. Puis les explications du bourreau.