Garantie jeunes, la prime « glandouille »
Elle est passée inaperçue et pourtant les 18-25 ans bénéficient d’une nouvelle allocation, la “garantie jeunes”. Elle pourrait à terme coûter plus de 5 milliards d’euros !
On en a très peu parlé, et pourtant. Depuis le 2 octobre, le gouvernement expérimente la “garantie jeunes” : 434 euros par mois, versés dans un premier temps à 10 000 jeunes sans emploi et ne suivant aucune formation, sélectionnés dans dix territoires pilotes, choisis parmi les zones les plus sensibles où les “décrocheurs” sont les plus nombreux. Cette allocation est censée permettre l’insertion professionnelle des jeunes les plus précaires, les “Neet” (Not in Education, Employment or Training selon l’acronyme anglais). La garantie jeunes est cumulable avec des revenus d’activité plafonnés, et doit être obligatoirement assortie d’un accompagnement personnalisé vers l’insertion. Jusqu’à présent tous les gouvernements s’étaient refusés à accorder le RMI (devenu le RSA socle en 2008) aux moins de 25 ans pour que des jeunes ne s’installent pas dans l’assistanat dès leur sortie du système scolaire. Malgré tout, le premier ministre Jean-Marc Ayrault souligne aujourd’hui « un besoin urgent » pour tous ceux qui se situent en dehors des dispositifs d’insertion.
La garantie jeunes sera expérimentée d’abord dans l’Aude puis dans lesBouches-du-Rhône, en Seine-Saint- Denis, à La Réunion, dans le Vaucluse, le Lot-et-Garonne, l’Allier et le Puy-de- Dôme, le Finistère, l’Eure, et enfin les Vosges…
La première année, 10 000 décrocheurs bénéficieront de cette mesure pour arriver à 100 000 la troisième année. Coût pour les finances publiques : 30 millions d’euros en 2014 et de 500 à 600 millions à partir de 2016. En considérant qu’il y a, en France, 900 000 jeunes de 18 à 25 ans disparus des écrans radar (lire notre entretien page 44), c’est-à-dire sortis du système scolaire, de toute formation, sans emploi et pas même inscrits à Pôle emploi, ce sont plus de 5 milliards d’euros qui leur seraient ainsi versés si, à terme, ils devenaient éligibles à cette nouvelle allocation ! Le jeune sélectionné s’engage de son côté à déclarer ses ressources chaque mois et à respecter toutes les prescriptions de la mission locale : suivre une formation, participer aux groupes de travail, accepter les expériences professionnelles, rechercher un logement, recevoir des soins médicaux (payés par la CMU). Rien ne dit aujourd’hui que les entreprises accepteront de prendre ces jeunes, même pour de courtes périodes.