Quelques lignes sur Edmund Burke…
A la fin d’une année 2013 particulièrement riche en événements, rappelons la mémoire du penseur irlandais (et non anglais comme le disent encore certains Français) Edmund Burke (1729-1797). Celui-ci s’était opposé à l’idéologie des Droits de l’Homme « à la fran-çaise » dans un ouvrage intitulé «Reflections on the Revolution in France» (1790).
Dans ce livre, Burke met en évidence le fait qu’il est extrêmement dangereux de réduire une nation à ces deux seules abstractions politiques que seraient « la république » et « le citoyen ». En effet, pour le penseur irlandais, « l’individu » dans l’abstrait, c’est-à-dire isolé de ses racines communautaires, n’existe tout simplement pas. Quant à la « république », il s’agit d’une universalité abstraite, effaçant toute différence et diversité.
On voit là « la couleur irlandaise » : celle d’un groupe ayant dû résister à l’oppression d’un autre (les Anglais) ne concevant se poser eux-mêmes qu’en s’opposant à d’autres.
Pour Burke, on ne peut faire l’économie du symbole : il faut interpréter, comprendre et «se comprendre». Il en est de même pour Tocqueville après lui, qui s’exprime ainsi dans sa fameuse «Démocratie en Amérique» (1835) :
« Je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes (…) à chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger la destinée de tous les autres (…) au-dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense et tutélaire qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort (…) il rend moins utile et plus rare l’emploi du libre arbitre (…) et dérobe peu à peu chaque à citoyen jusqu’à l’usage de lui-même » (Tocqueville, «De la Démocratie en Amérique», 10/18, pp. 361-362).