Politique

T.Derville : « Nous faisons face à un nouveau totalitarisme »

Délégué général d’Alliance VITA, promoteur du Courant pour une écologie humaine et figure de la Manif pour tous, Tugdual Derville est spécialiste des questions éthiques. Pour lui, la France a toujours été un rempart contre la marchandisation et la chosification du corps et c’est dans cette tradition que la classe politique doit s’inscrire pour lutter contre la tentation transhumaniste…

Avez-vous vécu la nomination de Najat Vallaud-Belkacem, à la tête du ministère de l’éducation nationale, comme un affront?

Najat Vallaud-Belkacem s’est montrée, dès le début de notre mouvement social, particulièrement idéologique. Une vidéo a circulé, à l’époque, dans laquelle on la voit demander à de très jeunes élèves de « changer la mentalité de leurs parents » en faveur de la loi Taubira ! Avant d’être ministre, elle était d’ailleurs, au PS, chef de file du courant favorable à la GPA. C’est donc une personnalité aux antipodes de notre mouvement social. Sa nomination, dans un ministère d’importance, n’a rien fait pour nous rassurer.

C’est comme si François Hollande était toujours sourd et aveugle…

Nous avons le sentiment que le président est sidéré par notre puissance, mais c’est lui qui contribue, par son entêtement, à notre résilience et à notre ténacité. La loi Taubira lui sert-elle de marqueur de gauche, sorte de faire-valoir destiné à camoufler sa faillite politique et économique pour détourner l’attention ? C’est à se demander si le pouvoir ne nous a pas choisis comme boucs-émissaires, mais ce jeu est risqué.

Quel bilan tirer de ces deux années de mobilisations ?

A court terme, notre mouvement a déjà connu une fécondité qui dépasse les notions de « victoire » ou de « défaite ». Je suis prudent avec l’usage de ces mots. Certes, la loi a été votée – et on peut s’en désoler. Certes, elle n’a pas validé, comme le voulaient ses promoteurs, la PMA et la GPA homosexuelles, mais les tribunaux français et européens s’emploient à le faire. Nous avons, tout de même, fait reculer le pouvoir sur la loi famille. C’est à long terme que s’est ouverte la grande promesse. Une chape de plomb a été levée permettant une libération de la parole et, surtout, des consciences. C’est le plus important ! Nous entamons aujourd’hui un tournant culturel : des générations nouvelles s’investissent au service du Bien commun dans un mouvement de « désembourgeoisement ». Beaucoup s’engagent dans des initiatives foisonnantes (Veilleurs, Sentinelles, écologie Humaine, Sens commun etc…), en y travaillant jour et nuit. Des jeunes choisissent des métiers en adéquation avec leurs idées, quitte à renoncer à des carrières plus rémunératrices. Cette minorité agissante (qui s’est réunie en grandes foules) a les clés de l’avenir. L’Histoire nous enseigne que ce sont toujours ces « minorités conscientisées » qui font évoluer la culture et avancer la société, alors que les masses restent versatiles, inféodées aux modes.

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5 Octobre 2014

 

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