LE FILM « CHOUANS » DE PHILIPPE DE BROCA SUR ARTE.
Arte proposait hier soir le film de P. de Broca qui ne présente d’intérêt que pour la simple distraction par de belles images et beaux paysages car (ne parlons même pas de l’aéronef de Philippe Noiret) il est rempli d’invraisemblances et de méconnaissances du sujet, de l’époque, de l’Histoire et des personnes. Voici ce qu’en écrivait la presse le 11 avril 1988 et ce qu’en disaient des écrivains Bretons:
LE FILM « CHOUANS » CONTROVERSE.
Plusieurs intellectuels bretons adressent une lettre ouverte à Philippe de Broca. Le film « Chouans » actuellement projeté sur les écrans de notre région ne fait pas l’unanimité. Loin s’en faut. Superbement réalisé sur le plan technique, il donne de la Chouannerie une vue à tout le moins arbitraire. Entretenant de larges confusions avec la Guerre de Vendée au sud de la Loire, présentant les prêtres d’une manière caricaturale et blessante, et certains chefs aristocrates comme des voyous, ce film est tout à fait contestable sur le plan historique.
Dans une lettre ouverte qu’ils viennent d’adresser à Philippe de Broca le réalisateur et à Ariel Zeitoun le producteur, plusieurs artistes et écrivains bretons (Herry Caouissin, le Père Chardronnet, François Marquer, Michel de Mauny, Charles Le Quintrec, Jean Rieux et René Le Honzec) disent leur façon de penser. Leur « Lettre ouverte » a des allures de réquisitoire. Nous en publions quelques extraits :
« Vous avez osé, Messieurs, intituler votre dernier film « Chouans ». Nous comprenons qu’à la veille du bicentenaire un sujet sur la Révolution était de nature à faciliter la réalisation d’un film. Nous comprenons, encore mieux, qu’il vous fallait ménager les gardiens du temple. Encore fallait-il ne pas porter atteinte à la mémoire des Chouans qui n’ont rien à voir avec votre œuvre. Vous présentez les Chouans comme des êtres superstitieux, clouant les chouettes sur leurs portes avant d’en faire de même avec les Bleus, ignares, ne sachant pas lire, mi-bêtes, pillant, volant, torturant, tuant leurs frères.
Le prêtre réfractaire est un fanatique hystérique assoiffé de sang, le prêtre jureur un obèse obsédé de nourriture ; les nobles qui les mènent : un vieillard gâteux, sa femme nymphomane, un réactionnaire sadique, un jeune coq uniquement motivé par une histoire de fesses. Quant à la religion ce n’est bien sûr qu’un leurre.
On pouvait croire que ces images grossières de la Chouannerie appartenaient à une époque révolue. Elles sont à la hauteur de votre ignorance historique. Car votre film est bourré d’erreurs et d’invraisemblances.
Votre film est une contre-vérité historique et une insulte à la mémoire des Chouans Bretons, paysans, ouvriers, artisans pacifiques qui ne prirent les armes que contraints et forcés après trois années de vexations, humiliations, interdictions, pour défendre leurs libertés dont celle universelle et fondamentale de conscience.
Vous les méprisez en leur refusant la capacité d’une libre et profonde adhésion à la religion, représentée par un clergé de campagne infiniment digne et compétent.
C’est pourquoi nous, historiens et écrivains bretons, protestons solennellement contre une œuvre qui, une fois de plus, présente une image caricaturale, fausse, abusive et travestie de la Bretagne et en particulier des Chouans Bretons, combattants des libertés ».
Source : http://souvenirchouandebretagne.over-blog.com/2020/12/le-film-chouans-de-philippe-de-broca-sur-arte.html?fbclid=IwAR27EpaPy6N3PvRWzNZTtPGkB2v9VJQz8Y34rb5fdeKCvnSOsnbrasYVaUg