L’utopique unité gouvernementale
L’affrontement médiatique entre le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, et le ministre du Logement, Cécile Duflot, autour de la question de l’accueil de la population Roms aura visiblement été la goutte d’eau qui aura fait déborder le vase de l’exécutif français. Dernier couac d’une série quasi-quotidienne, elle a eu pour conséquence un rappel à l’ordre des outrecuidants par le Premier ministre lui-même, doublé d’une fameuse punition : « Toute demande d’interview de ministre devra d’abord recevoir le feu vert de Matignon », dixit Jérôme Batout, chef du pôle stratégie, médias et communication de Matignon.
A l’heure de la communication tous-azimuts, l’enjeu est de taille : préserver l’unité gouvernementale et la décence de la fonction ministérielle, celles-ci réclamant en préalable l’indispensable effacement de l’ego des ministres devant leur mission, la mise en « silence » de leur égotisme devant les responsabilités qu’induit le poste obtenu. Finis les coups bas et les phrases assassines, finis les incartades individualistes et les coups de communications solitaires : l’union fait la force, et c’est peu dire qu’en ce moment, le gouvernement en manque cruellement…
L’opposition aura beau invectiver « l’amateurisme » de l’actuel gouvernement, la tare reste pourtant intrinsèque au système : Lors de l’avènement du gouvernement Fillon III à la fin de l’année 2010, le président Sarkozy n’avait il pas appelé à « l’unité sans faille » des ministres ? Jacques Chirac de son côté ne les avait-il pas appelé à « l’unité et à la cohésion » en Mai 2005 ?