Les légumiers bretons face aux excès d’importations
L’actuelle situation économique des légumiers bretons n’a rien à envier à celle du début des années 2000. Tout le monde se souvient en effet des actions « coups de poing » des légumiers qui, entre Avril et Novembre 2004, avaient déversé des tonnes de choux fleurs sur les routes des régions de Saint Malo pour dénoncer la concurrence déloyale des pays comme l’Ukraine ou la Pologne, ceux-ci produisant à bas coûts et devenant ainsi plus compétitifs, même avec la distance.
Ce scénario, malheureusement connu dans bon nombre de profession, continue pourtant de ravager les emplois français et, a fortiori bretons. Témoin les récentes déclarations de Philippe Quillon, président de la section légumes de la FDSEA :
« Alors que la saison bat son plein, les producteurs de tomates et plus largement l’ensemble des producteurs de légumes bretons sont au plus mal. Face à des produits importés à des prix défiant toute concurrence, ils n’arrivent plus à vendre leur produit ou à des prix très bas. Cette situation compromet gravement la pérennité de nombreuses exploitations en Bretagne »
Face à cette problématique, quelques politiques suivront certainement la voie tracée par Arnaud Montebourg et se feront les Don Quichotte du Patriotisme économique, luttant contre les moulins libéraux de l’Union Européenne. Car par là que le bât blesse : la république française, par son aberrante pression fiscale, plombe en partie la compétitivité des producteurs français, mais il ne faut pas oublier les méfaits ainsi démontrés des grands principes libéraux, défendus non seulement par l’Union Européenne mais également par l’Organisation Mondiale du Commerce. La république leur a offert la France sur un plateau : ils n’en demandaient pas tant…
La solution se trouve conjointement dans la réfection d’associations professionnelles puissantes, de véritables corps de métiers qui, fédérant bien au delà des actuelles Cerafel (Comité économique régional agricole des fruits et légume) ou UCPT (Union des coopératives Paimpol-Tréguier), permettront de redonner aux légumiers toute leur voix face aux pressions des grandes distributions. Mais plus encore, il faut redonner à la France sa souveraineté économique et, dans un premier temps, alléger les charges fiscales qui pèsent sur les corps de métiers.
Car en dépit de toutes les considérations politiques, économiques et sociales, il reste profondément aberrant qu’un légume produit à des milliers de kilomètres de nos villes et villages soit plus intéressant – économiquement parlant – qu’un légume fourni par nos producteurs locaux. Mais cette simple évidence économique ne semble pas effleuré l’esprit de nos « spécialistes parisiens »…