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Municipales à Nantes : la sécurité est le sujet numéro un !

Par Raphaël StainvillePublié le 22/02/2020 à 07:30TwitterChapô

Il y a encore quelques années, Nantes figurait parmi les villes réputées pour leur douceur de vivre. Mais, depuis des mois, l’insécurité gagne au point de devenir le sujet de préoccupation numéro un des habitants. La métropole ligérienne n’est plus seulement la capitale des contestations, avec ces manifs qui dégénèrent, mais le théâtre de trafics de drogue à ciel ouvert et d’une violence inquiétante.

C’est une histoire qui nous a été répétée à plusieurs reprises, à quelques variantes près, au point que nous avons fini par nous convaincre qu’il ne s’agissait probablement que de l’une de ces légendes urbaines qui courent de dîner en souper sans que personne ne puisse en vérifier la véracité. “La bonne amie de l’un de mes frères”, “la sœur d’une cousine, tu sais… ”, “la grand-mère de tante machin”, “la mère de la belle-sœur d’oncle truc”. Autant d’interlocuteurs qui nous racontaient la même scène avec force détails comme s’ils en avaient été directement les témoins. Un salon de coiffure du centre de Nantes aurait été dévalisé en pleine journée. La caisse ? Emportée sans résistance. Les clientes ? Détroussées de leurs bijoux et de leurs bagues alors qu’elles avaient la tête prisonnière de leur casque, les cheveux bardés de bigoudis. Ambiance Far West et diligence rançonnée à la mode bretonne. Le tout sans que la presse locale s’en fasse l’écho. Étrange…

Nantes jouit pourtant d’une réputation flatteuse. En 2013, la ville se voyait encore décerner le prix de capitale verte de l’Europe. Une distinction qui récompensait sa politique environnementale avant-gardiste. La sixième ville de France pouvait s’enorgueillir de truster les premières places dans tous les classements des villes où il fait bon vivre. Nombre de Parisiens à la recherche d’une certaine douceur de vivre ont fait, ces dernières années, le choix pour s’y installer. En dix ans, l’agglomération nantaise a vu sa population augmenter de près de 70 000 habitants quand celle de la capitale stagnait. La proximité de la mer, le dynamisme économique de l’Ouest – à Nantes, le taux de chômage est inférieur à 7 % -, l’offre culturelle, les espaces verts (jardins et parcs se comptent par centaines), autant que la promesse de pouvoir se loger dans un appartement plus grand pour un loyer équivalent sont autant de bonnes raisons qui expliquent que cet afflux de jeunes cadres ne se dément pas. « Nantes, c’est le nouveau Montreuil », résumait récemment Élie Guéraut, sociologue à l’université Paris Panthéon Sorbonne. Un eldorado pour jeunes bobos, soucieux d’une meilleure qualité de vie que dans la capitale.

Guerre de territoire

Pourtant, les choses ont récemment changé. Une dégradation notable qui inquiète et agite la cité nantaise à mesure que la ville s’enfonce dans la violence et l’insécurité, au point de devenir le sujet numéro un de ces municipales. Marine Le Pen ne s’y est pas trompée, qui a choisi de s’y rendre, le 23 janvier dernier, pour évoquer l’ensauvagement de la ville. La présidente du Rassemblement national n’ignore pas que sa candidate, Éléonore Revel, n’a que peu d’espoir de l’emporter dans cette ville qui s’est toujours refusée aux Le Pen. Mais Nantes est devenu un symbole de l’ultraviolence qui gangrène le pays et gagne les territoires jusque-là épargnés.

« L’an dernier, le nombre de règlements de compte par arme à feu était équivalent à celui de Marseille », nous confie Xavier Menger, délégué départemental du syndicat Synergie-Officiers. Certes, le nombre de morts par arme à feu est moins important que dans la cité phocéenne, mais ça défouraille à tout va. Le tramway, dans l’hypercentre de Nantes, a déjà été pris pour cible. En juin dernier, deux bandes rivales échangent des coups de feu à proximité de la médiathèque. Les exemples abondent. Les trafiquants de stupéfiants se livrent à une véritable guerre de territoire et n’épargnent plus aucun quartier de la ville. Il n’est pas jusqu’à certains propriétaires de bar qui se voient délogés par des trafiquants. Olivier Dardé, le président de l’association des commerçants du centre-ville de Nantes, nous raconte que l’un de ses adhérents a dû quitter son établissement pour qu’un échange de coke ait lieu dans ses murs. « Ici, c’est chez nous », lui ont dit, arme au poing,…

Source : https://www.valeursactuelles.com/clubvaleurs/politique/municipales-nantes-la-securite-est-le-sujet-numero-un-116232

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