Arnaud Montebourg en marinière : piégé par sa montre… pas si made in France
Le ministre du Redressement productif apparaît cette semaine en Une du Parisien magazine pour défendre le « made in France ». Le hic ? Certains des composants de la montre qu’il porte au poignet ont été conçus en Suisse.
Eh oui, on peut porter une montre « française », et même « Made in France », sans qu’elle ait grand-chose de français. Quand le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, s’exhibe en marinière avec une Michel Herbelin au poignet, il ne connaît pas – ou il n’a pas compris – les sortilèges d’un « Made in France » qui n’exigent que deux conditions pour naturaliser n’importe quel produit : qu’il ait été « conçu » et « terminé » en France. Cette montre Michel Herbelin, respectable entreprise familiale du Haut-Doubs, à Charquemont, en est un bon exemple.
Il n’y a pas plus français, sur le papier et dans le strict respect de la loi, que cette Newport Yacht Club choisie par le ministre. En plus, à 790 euros, on n’est pas dans le blingbling de ses confrères ministres de Bercy, Pierre Moscovici ou Jérôme Cahuzac, récemment épinglés par Atlantico pour leurs montres dix à vingt fois plus chères. Manque de chance : le mouvement à quartz de cette Michel Herbelin Newport Yacht Club est suisse (manufacture Ronda), de même que son cadran et ses aiguilles. Son verre saphir est suisse. Son boîtier et ses poussoirs ne sont pas suisses, mais pas français non plus. Admettons que le bracelet provienne d’un fournisseur français : on veut bien parier que ce fournisseur s’est approvisionné au Portugal, à l’île Maurice ou en Asie, mais certainement pas en France. En revanche, la montre est assemblée en France, à partir de ces composants. Soyons clairs : au prix public de 790 euros, il est pratiquement impossible de produire une montre qui soit authentiquement ou même majoritairement « Made in France ».
D’autres marques, nettement plus « Made in France », auraient mérité d’équiper le viril poignet du ministre en marinière, mais elles auraient été beaucoup plus chères. Moralité : ce n’est pas Michel Herbelin qui triche avec le « Made in France », puisque la lettre de la loi est ici intégralement respectée. C’est le ministre du Budget qui triche avec l’esprit de cette loi en faisant semblant de ne pas voir que son néonationalisme industriel est une posture intenable et médiatiquement très risquée…