Le vrai visage des Verts
Avec deux ministres au gouvernement et une trentaine de parlementaires, Europe Écologie-Les Verts n’est pas qu’un allié turbulent du PS. Son programme et ses méthodes révèlent un parti dogmatique décidé à faire table rase du passé.
« Indigne et scandaleux ! » Noël Mamère avait les moustaches frémissantes en commentant l’annonce par Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement, du report de la loi sur le droit de vote des étrangers aux élections locales. Le même avait déjà réagi avec une identique colère aux propos d’Arnaud Montebourg qualifiant, fin août, l’énergie nucléaire de « filière d’avenir ». « S’il n’y a pas d’explication et s’il n’y a pas de remise en cause de [ces] déclarations, nous serons en droit, nous écologistes, de nous interroger sur la validité des accords que nous avons passés dans cette majorité », avait-il alors tempêté.« Bah ! que pèsent-ils ? », se rassure Bruno Le Roux, le patron des députés socialistes, lorsqu’on l’interroge sur ces frictions. Sur le papier, c’est vrai, la majorité n’a rien à craindre de ses turbulents “alliés” : le PS dispose à lui seul de la majorité absolue à l’Assemblée et au Sénat. Les dix-huit députés et douze sénateurs EELV ne sont pas assez nombreux pour constituer une “minorité de blocage”.
Jean-Marc Ayrault, du reste, ne s’y est pas trompé : signe du peu d’égards qu’il leur témoigne, leurs responsables sont privés (contrairement aux radicaux de gauche) de petit déjeuner hebdomadaire de la majorité à Matignon. Malgré leurs demandes réitérées…
Les écolos eux-mêmes en conviennent : si « le contexte général est un peu tendu », avec le PS et l’exécutif, comme le confie François de Rugy, président du groupe EELV à l’Assemblée, cela « ne remet pas en cause » la participation de leurs deux ministres au gouvernement (Cécile Duflot, ministre de l’Égalité des territoires et du Logement, et Pascal Canfin, ministre délégué au Développement).
Il n’empêche : même si, pour l’heure, « les écologistes finissent toujours par rentrer à la niche », comme l’a dit un jour Martine Aubry, c’est à un travail de sape que se livrent, depuis l’élection de François Hollande, les amis de Pascal Durand, l’inconnu successeur de Cécile Duflot (lire portrait page 15). Outre les polémiques sur le nucléaire ou le « report aux calendes grecques », comme l’a encore dit Mamère, du droit de vote pour les étrangers, pas une semaine, ou presque, ne s’est passée sans que les Verts ne tirent à boulets rouges sur leurs “amis” socialistes : projet d’aéroport soutenu par Ayrault à Nantes, expulsions de Roms par Manuel Valls, déclarations progaz de schiste d’Arnaud Montebourg, déclarations procannabis de Duflot, traité européen et maintenant retoquage, par le Conseil constitutionnel, de la loi Duflot sur le logement social et polémique sur son projet de réquisition… À chaque fois, c’est le même numéro : “Retenez-nous ou on fait un malheur !”
Source : Valeurs Actuelles