Les sophismes politiques sont éternels
Si l’enseignement est répétition, alors Maurras aura beaucoup enseigné : combien de fois a-t-il répété que la cible, la seule, devait-être le régime ? Il le refait dans cet article « Contre les faux sages » du 30 mars 1908.
On remarquera d’abord l’humour, sans doute peu involontaire, avec lequel Maurras nous décrit ces faux sages, de ces demi-habiles politiques qui ouvrent les mains à la première promesse d’un infléchissement :
« Et dans ces mains tendues, grandes ouvertes, rappelez-vous ce qui tomba ! »
La particularité de ce texte n’est pas dans la nature de ce qui tombe dans ces mains ouvertes, ni même dans le fait qu’elles s’ouvrent. Car maintes fois aussi Maurras a flétri ces illusions d’éternels niais qui pensent que la nature du régime ne s’imposera pas, et que l’on trouverait de nos jours professer des déclarations de volontarisme comme il y a un siècle : il suffirait qu’un homme meilleur que les autres avec une volonté droite arrive, et… Maurras récuse tout cela une nouvelle fois, nous réaffirme que la République va au pire, sans que les voies par lesquelles elle y va infléchissent beaucoup le résultat.
L’étonnant en ce 30 mars 1908, c’est que même les nationalistes, même un Déroulède ou un Barrès, à l’expérience déjà longue, se refusent à tirer la conséquence évidente de leur longue carrière politique, tout entière en échecs et en déceptions : il faut abattre le régime, pas changer son personnel en espérant un mieux à propos d’un point tout circonstanciel et très secondaire. D’autant que ce mieux est régulièrement déçu lui aussi.