Finistère. L’abattoir Tilly-Sabco face aux turbulences
« Solide. » Daniel Sauvaget, le PDG de l’abattoir Tilly-Sabco à Guerlesquin, l’avoue lui-même : « Il vaut mieux arriver solide pour affronter le contexte de 2013. » Il fait référence à la baisse brutale des aides à l’exportation décidée par la Commission européenne. Les montants ont été divisés par deux avec application immédiate. Si les choses restaient en l’état, il manquerait près de 10 millions d’euros dans les comptes de Tilly-Sabco en 2013. « Heureusement, notre assise financière est solide, rappelle Daniel Sauvaget. Nous sommes un peu plus sereins pour affronter la tempête ». L’entreprise qui emploie 330 salariés a réalisé 136 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2012 avec un résultat net de 2,1 millions d’euros. Elle dispose de 13,7 millions d’euros de fonds propres avec un endettement de 7,6 millions d’euros. « L’entreprise n’est pas en état de survie, souligne son responsable. Elle n’est pas à genou ».
Moins 50 €/ tonne. Comme le grand voisin Doux, l’autre exportateur français de volaille congelée vers le Moyen-Orient, Tilly-Sabco a baissé le montant des contrats des groupements qui lui fournissent 1,38 million de poulets par semaine. « La baisse de moins 50 €/tonne de volaille en vif ne sera appliquée que jusqu’en avril, précise Daniel Sauvaget. Tout dépendra ensuite du niveau des restitutions ou des solutions qui pourraient être mises en oeuvre pour sauvegarder notre filière de poulet export indispensable à la filière avicole française. »
« Capitulation. » Pour Daniel Sauvaget, l’Europe « capitule un peu vite » en baissant les aides à l’exportation « alors que partout dans le monde, les pays exportateurs augmentent les soutiens à leurs agricultures ». Facteur aggravant, « le dollar se déprécie par rapport à l’euro et le réal brésilien par rapport au dollar ». La baisse des restitutions tombe donc au plus mauvais moment et pénalise encore plus les acteurs français face à leurs concurrents étrangers. Le patron de Tilly-Sabco pointe également du doigt l’Allemagne, prompte à exiger la baisse des aides bruxelloises. « Elle veut mettre à zéro l’aviculture française mais elle profite chez elle d’un véritable esclavagisme social en employant massivement des Roumains et des Bulgares payés quatre fois moins que les Allemands. »