Discours du 13 Novembre 1909

L’Action Française au quartier Latin.

Réunion des Sociétés Savantes.

Le 13 novembre 1909.

Messieurs,

Vous avez fait, dans le quartier des Étudiants, des campagnes magnifiques. Sous la sage et ingénieuse direction de Maurice Pujo et de Maxime del Sarte, les étudiants royalistes et les Camelots du Roi ont été héroïques avec gaieté. Et, à l’ouverture de la nouvelle année scolaire, vous voilà réunis pour entendre vos vrais professeurs, Vaugeois, Dimier, et vous préparer à de nouvelles luttes. Luttes intellectuelles et autres, s’il le faut. Je dis « vos vrais professeurs », Messieurs les Étudiants. Car, — sauf quelques exceptions que nous connaissons bien et que nous révérons, — on peut dire que l’esprit de la Sorbonne et, en général, de l’État enseignant, n’est plus un esprit conforme aux intérêts permanents de la patrie et n’est plus l’esprit de majorité des Français. Et cela avec un grand et singulier désordre. Vaugeois, Dimier, Lasserre vous ont dit et vous répéteront ce qu’est l’enseignement officiel de l’histoire, de la philosophie, de la littérature. Dans son ensemble, il est des plus propres à désarmer un peuple. On en voit mieux la folie, en le comparant, par exemple, à l’enseignement allemand, tourné tout entier à la formation d’âmes allemandes et fières et contentes de l’être.

Mais chez nous (on vous l’a expliqué ces deux dernières années), l’enseignement de la philosophie est surtout propre à former des anarchistes; celui de l’histoire semble fait pour désaffectionner de l’histoire de France, et celui de la littérature se réduit de plus en plus à une facile et vaine philologie. Les « humanités » meurent. On voit des choses stupides, telles que l’entreprise officielle de la réforme de l’orthographe. Les barbares sont dans nos murs, et ce sont souvent des barbares de chez nous. Messieurs, dans l’immensité du pays l’Action Française n’est qu’un groupe mais ardent et fort, et qui est sûr d’avoir raison et qui a le dépôt des vérités utiles à la nation.

Croyez-le bien, le gouvernement moral de la France est avec l’Action Française. L’Action Française a installé une Sorbonne petite, mais véritable en face de l’autre. Vous vous rappelez le vers de Sertorius :

Rome n’est plus dans Rome, elle est toute où je suis.

Malgré les apparences, Messieurs, et quoiqu’ils aient tout et quoique nous n’ayons rien, nous sommes convaincus que, en ce sens, l’Université de Paris n’est pas rue des Écoles, mais ici. L’Action Française se flatte d’être la bonne correctrice de l’enseignement républicain. — Quoi ? Soulever les élèves contre les professeurs? dira quelque baron Pié. — Non, mais leur inspirer à l’égard de certains de leurs professeurs une défiance salutaire. Cela est permis, cela est même recommandé dans un pays où l’État — qui est nécessairement  en démocratie, le gouvernement d’un parti — a le quasi-monopole de l’enseignement et en aura bientôt le monopole absolu. Notre Institut combat simplement l’oppression et la déformation des intelligences par la République.

Messieurs, c’est un grand signe pour l’Action Française d’avoir déjà pour elle une partie notable de la jeunesse étudiante. C’en est un autre d’avoir eu tout de suite, dans son Institut, trois professeurs de l’Université. Les gens de ma génération ont connu les plus détestables erreurs, parce que, au temps de leur jeunesse, la République était jeune aussi : on pouvait, à la rigueur, et avec de l’ingénuité, espérer d’elle quelque chose; elle n’avait pas encore donné ses fruits naturels. Mais ces fruits, vous les avez vus en entrant dans la vie; et ils vous ont immédiatement remplis d’horreur. Je vous en fais bien mon compliment. Messieurs les Étudiants, vous serez de bons élèves; vous travaillerez bien à vos cours et dans vos chambres studieuses. Mais vous nous avez montré que vous savez travailler aussi dehors, à l’occasion. Et si c’est toujours votre goût, Messieurs les Étudiants et Messieurs les Camelots du Roi, vive le Roi !

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