Economie

Les joint-ventures et l’économie française

Liam Fauchard, auteur de « Conduire une démarche de prospective territoriale », a tenu ses propos à la journaliste de l’Agence Bretagne Presse :

« Penses-tu que la Bretagne fait les bons choix en matière économique en ce moment ?

Liam Fauchard – S’il s’agissait de la Bretagne, je serais assez optimiste ; cela signifierait que les décideurs (politico-économico-sociaux) ont accès aux manettes qui régulent les tubulures du Pays (référence à Paol Keineg). Avec la RAB et ses atermoiements je suis moins rassuré. Je connais trop d’entreprises bretonnes qui créent des joint-ventures en Thaïlande, au Vietnam, au Mexique, au Brésil… faute d’être épaulées chez nous. La crise globale risque d’être amplifiée chez nous par la faiblesse des investissements productifs créateurs de valeur ajoutée pendant que, dans le même temps, des fonds publics (contribuables) ne sont pas investis de manière optimale. La pertinence de l’allocation de ressource se posera avec acuité. »

S’il faut bien sûr prendre ces propos avec les pincettes qu’exigent le bon sens, il faut toutefois noter que le phénomène économique d’entreprises communes (joint-ventures) avec des entreprises étrangères est un fait en constante augmentation, notamment avec la Chine, celle-ci usant et abusant de ce procédé pour pénétrer les marchés qui lui était jusqu’alors fermés.

Ces joint-ventures posent un réel problème au niveau économique, social et même politique pour la France.

Au niveau politique tout d’abord, ces joint-ventures sont les résultantes d’un manque total de réel développement industriel français, notamment plombé par les lourdes charges financières de l’Etat. Les PME, véritable cœur de l’industrie française, sont taxées à près de 60 % (dont 40 % sur le travail) et peinent à garder une quelconque compétitivité. Face à ce défi et aux réguliers dépôts de bilan de leurs homologues français, elles préfèrent se développer dans d’autres marchés étrangers, plus porteurs mais qui ont des conséquences malheureusement désastreuses pour l’économie française.

Au niveau économique ensuite, ces joint-ventures montrent l’état de délabrement de notre économie française : obligés de s’appuyer sur d’autres entreprises étrangères, elles servent le pays de l’investissement au détriment de la France. En effet, ces entreprises perdent progressivement leur « savoir-faire » unique et l’on assiste de plus en plus à « un transfert de savoir », ce petit plus français qui permettait à l’économie française, au sein d’un libéralisme économique forcené, de garder la tête hors de l’eau.

Au niveau social notamment, dont l’exemple typique est la joint-venture sino-française. Cette coentreprise, souvent sous la forme d’une société à responsabilité limitée, a de nombreuses possibilités en Chine : elle peut acheter des terres, construire des bâtiments et même employer des chinois. Et c’est bien là que le bât blesse : la main d’œuvre chinoise étant bien plus compétitive que la main d’œuvre française (pas de réduction temps de travail, coût horaire dérisoire, etc…), le chômage français en pâtit douloureusement.

C’est parce que le tissu industriel français s’effrite sous les coups de l’ultralibéralisme et des surtaxes républicaines que les joint-ventures se développement malheureusement dans le mauvais sens. Cette déliquescence économique française ne pourra s’arrêter que par un sursaut corporatif, un développement national des corporations de métiers qui, au lieu de participer à la fuite du « savoir faire français », rendront à l’économie française son indépendance et sa qualité unique, tout en faisant chuter le chômage.

Et les gens de bon sens comprendront aisément que ce sursaut corporatif n’aura sa place qu’au sein d’un régime réellement décentralisé, c’est à dire royal.

Addendum : On pourra notamment voir les effets des joint-ventures sino-anglaises sur le cas du marché brittanique des télécoms : http://pro.clubic.com/it-business/actualite-467964-china-telecom-pied-hors-chine.html

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