De l’hommage à « l’un des deux » Jules Ferry…
Il est de coutume pour tout nouveau président de la république fraîchement élu de poser comme première pierre de son mandat un acte symbolique qui donnera le « la » de sa politique. Ainsi, comme Sarkozy le fit avec la lettre de Guy Moquet, Hollande décida de frapper un grand coup démagogique à en faire pleurer dans les chaumières en rendant hommage à Jules Ferry et Marie Curie, parité oblige.
Quelle erreur ! Funeste même ! Hollande, sans y prendre garde (on va encore y croire un peu) a choisi d’honorer l’un des plus grands défenseurs de la colonisation et du racisme ! Heureusement, le CRAN (Comité Représentatif des Associations Noires) s’est chargé de le lui rappelé lors de sa prise de fonction, ce à quoi le jeune premier socialiste aura l’outrecuidance de répondre qu’il « comptait bien distinguer les deux » facettes du ministre Ferry…
Si d’autres sites royalistes (comme celui de la Faute à Rousseau ici) démontrent avec l’éloquence et l’intelligence qu’ont leur connait l’ineptie profonde de cet hommage, nous pourrons nous attarder sur le côté aberrant de cette déclaration socialiste, où F.Hollande cherche vainement à rattraper les pots cassés en prétextant rendre hommage à « une seule facette de l’homme Ferry ».
Réduire les actions d’un homme en multiples facettes revêt un caractère profondément aberrant et dangereux. En premier lieu, elle permet d’oblitérer avantageusement les « facettes non désirées » d’un personnage public et donc de catalyser l’odieux manichéisme historique qui a tant cours actuellement. Jules Ferry peut certes représenter un exemple, mais d’autres personnages aujourd’hui agréablement dépeints dans les livres d’Histoire, comme Voltaire ou Carnot, ont nombre de facettes guère présentables…
En second lieu, disséquer l’homme en plusieurs facettes qui n’auraient aucun lien entre eux revêt de l’ineptie profonde : la schizophrénie qui en découle légitimement biaise complètement toute objectivité et intelligence. Peut-on séparer avantageusement Voltaire de son antisémitisme, Ferry de son colonialisme, Rousseau de sa folie ? Le tout forme la personnalité de l’auteur, chaque acte ne peut être pris indépendamment de la personnalité de son auteur : c’est l’absurde idée actuelle que tout hommage doit se faire sur une personne irréprochable, un saint, que l’on doit condamner. Faut-il rejeter les œuvres de Céline ou celle d’Heidegger pour les positions politiques de leur auteur ? Foutaises remarquables !
C’est parce que l’on a oublié ce qu’était réellement le libre arbitre que les dénonciations les plus abrutissantes fleurissent comme fleurs au printemps. Arrêtons les hypocrisies ! Pourquoi laisser Maurras, Céline, Barrès, Brasillach, Daudet et tant d’autres magnifiques auteurs être traînés dans la boue alors que l’on acclame Voltaire, Ferry, Blum et Carnot ? Peut être que « l’affaire Ferry » permettra enfin de fragiliser ce voile d’hypocrisies sur les « hommages » à géométries variables…