Réapprendre à mourir pour la patrie
Dans mon village, le monument aux morts est planté à la sortie de l’école. Chaque jour, des enfants y montent, jouent à chat perché. Si certains esprits chagrins peuvent s’en offusquer, j’aime à croire que c’est là un hommage que les morts préfèrent à celui qui leur est rendu, chaque année, le 11 novembre. Car après tout, s’ils ont fait le sacrifice de leur vie, c’est bien pour que les enfants français puissent continuer à jouer librement ; puissent user leurs fonds de culotte sur les bancs d’une école pour apprendre l’histoire de leur pays ; puissent attendre leurs parents avec insouciance. La plupart sont morts avant d’avoir pu être pères eux-mêmes, mais ils sont un peu les pères de tous ces enfants.
Car il faut bien que des hommes soient prêts à faire le sacrifice ultime pour qu’un pays continue à vivre. Notre génération n’a pas eu à combattre, mais ce souci existait pourtant. Avec certains camarades, nous aimions, par défi, dire que nous étions les futurs combattants quand nos parents ou grands-parents étaient les anciens combattants. Exaltation de la jeunesse certes, mais comment ne pas penser à la guerre pour défendre notre patrie quand d’autres camarades scandaient « plutôt rouge que mort » ; comment ne pas y penser lors de la crise des euro-missiles ; comment ne pas y penser quand nos instructeurs à l’armée nous expliquaient les tactiques de l’Armée rouge ; comment ne pas y penser quand nous connaissions la géographie de l’Afghanistan parce qu’un certain Massoud y résistait aux soviétiques ; comment ne pas y penser quand, régulièrement, nous apprenions la mort d’un malheureux sur le mur de Berlin alors qu’il tentait de s’échapper d’un univers totalitaire. Avant 1991, la jeunesse européenne vivait avec l’épée de Damoclès d’un conflit possible voire probable. Ça ne l’empêchait pas d’être heureuse : peut-être même cela l’incitait-elle à profiter du moment présent.
Lire la suite de l’article, via le Centre Royaliste d’Action Française