Politique

Les politiques assassinent l’idée de nation

Tour de babelLa France investira autant pour sa défense en 2013 qu’en 2012. Mais, au regard de la programmation en cours décidée par Nicolas Sarkozy pour la période 2009-2014, le simple maintien du budget signifie une diminution de l’effort de défense. Boulevard Voltaire a interrogé Georges-Henri Bricet des Vallons, docteur en science politique, chercheur associé à l’Institut Choiseul. Second et dernier volet.

BV. La baisse drastique des budgets consacrés à nos armées remet-elle en cause notre ambition de jouer un rôle d’importance sur la scène internationale ?

GHBdV. Nous ne sommes déjà plus autonomes dans nombre de domaines technologiques. Nous n’aurions jamais pu opérer en Libye sans les capacités de ravitaillement en vol des Américains. Si nous persistons sur cette pente, elle nous sera fatale. Étant donné l’absence de toute stratégie industrielle dans notre pays depuis trente ans, notre dépendance matérielle à l’égard de puissances étrangères sera bientôt telle que nous serons définitivement vassalisés. Le cas des drones aériens est l’exemple patent d’une faillite de l’anticipation et de la planification de nos capacités industrielles d’armement. Une telle absence ne peut pas se rattraper en dix ans. Là encore, la volonté politique est l’ultima ratio. Si le général de Gaulle n’avait pas été là, nous n’aurions pas aujourd’hui l’arme nucléaire et notre vulnérabilité serait totale, à l’égale de notre servitude. L’achat sur étagères de Reaper aux Américains pour combler le manque n’est nullement une hérésie, mais à la seule condition de maintenir l’effort budgétaire pour produire à terme une capacité autonome dans le domaine. L’essentiel, pour avoir une stratégie militaire, c’est d’abord d’avoir une identité stratégique, identité qui fonde notre stratégie des moyens et notre modèle de forces. Une telle identité se construit à partir du rapport fondamental du politique au militaire, redoublé par le rapport fondamental du politique à la nation. Le problème de notre stratégie militaire est celui de notre politique de la guerre, de notre conception de la puissance. Or nous avons perdu de vue le destin collectif associé à la nation et nous nous épuisons dans le désert identitaire que constitue l’Union Européenne à la recherche d’un mirage : l’Europe de la Défense, chimère franco-française qu’aucun de nos partenaires, et surtout pas l’Allemagne, ne partagent, entièrement tournés qu’ils sont vers le Surmoi atlantique, les États-Unis en l’occurence.

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