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Montebourg et ses frasques

Montebourg Cet article est paru dans le dernier numéro de Prospectives Royalistes de l’Ouest :

Dire que l’actuel Ministre du Redressement Productif essuie quotidiennement les plâtres de son affligeante incompétence se révèle être un doux euphémisme…. S’il ne faisait qu’offrir son corps en marinière pour un coup de pub dans l’eau, il ne ferait qu’user davantage les zygomatiques des français, blasés par les récurrentes idioties de ministres en mal de popularité. Mais Montebourg, loin de s’arrêter aux quolibets et critiques populaires, s’est récemment fendu d’une saillie bien plus dramatique en s’élançant, armé d’une éphémère vertu économique, contre l’industriel Mittal.

Comme Don Quichotte et ses moulins, Montebourg s’est donc attelé aux « mensonges » de Mr Mittal et tenté, par un bluff à peine crédible et maladroit, de sauver les emplois des Hauts Fourneaux de Florange en menaçant l’industriel de « nationalisation temporaire » de l’usine : « Nous ne voulons plus de Mittal en France parce qu’ils n’ont pas respecté la France ». Or, les conséquences de cette sortie ministérielle peuvent être dramatiques : ArcelorMittal emploie directement plus de 20 000 personnes dans l’Hexagone, sans compter les emplois des sous-traitants qui seraient irrémédiablement touchés en cas de fermetures massives.

Cette hypothèse reste exceptionnelle et peu probable, compte tenu de la place prépondérante de la France dans la stratégie marketing du groupe sidérurgique. Mais qu’importe : si Montebourg n’a pas forcément tort sur le fond  du problème, il pêche par trois inexcusables fautes économiques et politiques.

La première faute, économique, de Mr Montebourg repose sur l’invective sans réflexion des méthodes industrielles de la famille Mittal, celles-ci n’étant que la partie la plus saillante de l’actuelle chrématistique capitaliste. Simple ministre d’un Etat inféodé à une Europe libéraliste, Montebourg et sa cabriole n’y pourront assurément rien, à moins d’être soutenu par une réelle volonté présidentielle et gouvernementale. Or là, et Montebourg aurait dû le savoir, le commandant Hollande n’a qu’apathie et indécision en guise de commandes de bord…

La seconde faute économique de Mr Montebourg se trouve tout simplement dans la forme même de l’invective, sans diplomatie. Si la colère peut apparaître légitime face à un mépris aussi patenté du sort ouvrier, elle ne peut qu’être mauvaise conseillère quand, dans la bouche d’un Ministre d’Etat, elle pousse à l’opposition virulente et stérile avec des pointures du secteur industriel, déjà malmené par le contexte économique. L’Etat a besoin de bâtir une véritable relation avec les industriels français car, comme le disait Louis Gallois dans les premières lignes de son rapport, « Il ne peut y avoir d’économie forte sans industrie forte ».

Enfin, la dernière faute de Mr Montebourg revêt une dimension internationale : quelle crédibilité peut-on apporter à l’appel français vers les investisseurs étrangers quand, simultanément, l’Etat fustige la gestion financière de ces mêmes investisseurs ? Bien évidemment, aucune. Et rien ne sert de se voiler la face : même la future campagne de publicité sur la compétitivité de la France par Publicis, récemment choisi par le SIG (Service d’Information du Gouvernement), n’arrivera pas à faire oublier ce faux pas Montebourgien.

Il était évident que le socialisme français ne passerait que difficilement dans le cadre libéral européen : le franc-tireur Montebourg a donc servi de fusible au gouvernement Hollande, son impétuosité irréfléchie apportant l’illusion courageuse à un gouvernement qui en manque terriblement.

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