Autopsie des critères de la légitimité politique
L’aveuglement sur les “printemps arabes” ou l’entêtement sur le mariage homosexuel procèdent de la même confusion de la fin et des moyens.
Il est couramment admis qu’un pouvoir légitime n’a pas besoin de la force pour s’imposer, les gouvernés ayant confiance dans les gouvernants. Bien des auteurs ont proposé des classifications de la légitimité. Mais la dichotomie entre les légitimités par l’exercice et par l’origine est sans doute la plus efficiente. Pour résumer, la philosophie classique pense le pouvoir légitime en fonction de sa finalité (parce qu’il réalise le bien commun). Cela explique, par exemple, la doctrine du tyrannicide : celui qui détourne le pouvoir de sa fin peut, dans certaines conditions, être destitué, voire éliminé. À l’inverse, la vision moderne affirme que la légitimité est inscrite dans le processus de désignation des gouvernants : c’est son origine qui donne au pouvoir sa légitimité. C’est ainsi que la démocratie est implicitement considérée comme le seul régime vraiment justifié.
Bien entendu, dans chacun des systèmes, les deux types de légitimité peuvent être combinés. Le pouvoir classique peut être renforcé par une source considérée comme probante (le sacre du roi manifestant l’origine divine du pouvoir). De même, le pouvoir moderne est susceptible d’être jugé (à l’occasion des élections) en fonction de ses réalisations. Toutefois, chaque pensée articule les deux types de légitimité de manière inversée, donnant fondamentalement la priorité à l’une sur l’autre.