Congrès des maires : le hollandisme à l’épreuve
A quelques mois d’une échéance électorale majeure, l’ouverture du 96°Congrès des maires devait permettre au gouvernement socialiste d’aborder les réformes sensibles et, si possible, de répondre aux légitimes interrogations des premiers concernés. En effet, en ces temps de disette budgétaire et de baisse des dotations de l’Etat, nombre de maires se posent la question du financement des réformes gouvernementales et, en premier lieu, de celle des rythmes scolaires.
Hollande absent, c’était donc au Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, qu’incombait la lourde responsabilité de défendre le « hollandisme » et ses réformes face à un parterre de 11 000 maires à l’inquiétude palpable. Lui qui ne brille pas par son charisme fédérateur devait réussir l’exploit de rassurer l’ensemble des responsables municipaux, tout en évitant les possibles écueils…
A l’évidence, le miracle politique n’a pas eu lieu. Le « pas de deux » du Premier ministre, même enrobé de baume apaisant, n’a pas comblé le fossé d’incompréhension qui sépare le gouvernement et les élus locaux. Quand le député PS de Paris, Jean-Christophe Cambadélis, pointait hier la « difficulté de lisibilité de l’action au pouvoir », le Premier ministre en faisait la démonstration sur la tribune, porte de Versailles. Rappel de la prorogation du fonds d’amorçage pour l’année scolaire 2014-2015, engagement à de futures « discussions » autour de la réforme des rythmes scolaires : là où les élus attendaient des engagements forts et de réelles décisions, il n’y eut que rappels et propos mièvres.
Il y avait pourtant plusieurs voies pour surmonter l’épreuve du Congrès des maires… Mais Ayrault a choisi la moins honorable, celle de l’immobilisme, chère à son illustre prédécesseur Henri Queuille. Celui qui devint le parrain politique de François Mitterrand en 1946 n’hésitait pas à user d’aphorismes politiques éloquents pour définir son axe de conduite : « « Il n’est aucun problème assez urgent en politique qu’une absence de décision ne puisse résoudre » ; ou, plus trivialement : « La politique n’est pas l’art de résoudre les problèmes, mais de faire taire ceux qui les posent. »
En ce sens, le discours d’Ayrault a réussi là où Hollande avait échoué en 2012 : l’empathie dégagée par le Premier Ministre envers ses anciens collègues, jointe à l’anesthésie générale d’un discours technique et ennuyeux, ont su faire taire – momentanément – les protestations des maires les plus récalcitrants. Mais, en temps de crise systémique, l’immobilisme ne peut avoir qu’un temps et il faudra bien un jour s’atteler à la mise en œuvre de cette grande Restauration Nationale dont la France a tant besoin.