Questions autour de la tête de Robespierre
Le visage de Robespierre a fait le tour du web samedi dernier. En quelques heures, sites d’informations, blogs et réseaux sociaux ont largement diffusé la reconstitution de ce portrait vérolé inspirant l’effroi chez la plupart des commentateurs. On peut cependant se poser quelques questions sur son authenticité.
Un autre masque mortuaire de Robespierre, présenté sur un site russe
comme l’original du musée de Madame Tussaud
(la blessure à la mâchoire y est nettement plus convaincante)
Ce n’est évidemment pas le talent de Philippe Froesch, spécialiste reconnu de ce genre de reconstitution faciale, qui est remis en cause, mais plutôt sa base de travail. Cette restitution ne s’appuie pas, en effet, sur un crâne – comme ce fut le cas pour Henri IV – mais sur un masque mortuaire, et les circonstances dans lesquelles ce moulage a été réalisé permettent de s’interroger sur l’exactitude de ses traits. Sans s’étaler sur les travaux d’Hector Fleischmann, qui le considérait comme un faux – notons que cet historien admirait sans réserve ledit Incorruptible – on peut d’abord s’étonner du peu de ressemblance avec les portraits de Robespierre réalisés de son vivant.
D’autres questions viennent à l’esprit… Comment Madame Grosholtz, future Madame Tussaud, a-t-elle pu mouler avec rigueur ce visage, dans l’effervescence des événements du 28 juillet 1794, puisque les têtes des 22 condamnés à mort furent, sitôt guillotinées, déposées dans un coffre en bois, puis envoyées avec les corps sur une charrette, et jetées dans une fosse commune du cimetière des Errancis ?