« Tuer comme un chien » le ministre de l’Intérieur
Si les ministres de l’Intérieur sont facilement accusés d’instrumentaliser certaines forces politiques marginales contre les bons citoyens, d’utiliser la police de manière politique, de favoriser en tout les voyous contre les honnêtes gens ou encore d’être l’incarnation du parti de l’Étranger, il est plus rare qu’un journaliste menace publiquement par voie de presse de faire tuer le ministre de l’Intérieur pour le châtier de toutes ces noirceurs.
Il n’y a guère qu’un seul cas : celui de Maurras menaçant Abraham Schrameck le 9 juin 1925, dans cet article qui ne porte que le titre de rubrique « La politique », mais que les contemporains eurent tôt fait de baptiser « Lettre à Schrameck ».
Deux lettres en fait : l’une au préfet de police, plus précise quant aux reproches faits par Maurras après divers incidents graves et plusieurs assassinats, l’autre qui recherche plus proprement la responsabilité politique d’Abraham Schrameck, alors ministre de l’Intérieur.
Et, comme voici vos menaces, monsieur Abraham Schrameck, comme vous vous préparez à livrer un grand peuple au couteau et aux balles de vos complices, voici les réponses promises. Nous répondons que nous vous tuerons comme un chien.
Au delà de quelques formules comme celle-ci reprises sans cesse depuis 90 ans pour mettre en exergue la violence du propos, on gagne à relire ce texte, aussi célèbre que méconnu — nous avons vu récemment un article où il était donné pour l’exemple même de la violence de l’Action française dans les années 30, ce qui pour parler d’un texte de 1925 est une sorte de record de sottise.