Critique littéraire

Les hussards, de Jean Raspail

Hussards, de Jean RaspailL’oeuvre des hussards, ces histoires exemplaires que posèrent avec talent des écrivains de renom comme Jean Raspail, ne pourraient se résumer à de belles âmes bien nées qu’un honneur aurait su guider. Un style, une parure de vie, la pointe d’orgueil qui fera basculer l’ordinaire en atypique et exemplaire, « une façon de se tenir droit, d’aller jusqu’au bout de son destin, de mépriser les compromissions et de rire de ses illusions », voilà la ligne hussarde… Et c’est peu dire qu’elle puisse paraître anachronique aujourd’hui.

Jean Raspail livre ici un ouvrage finement ciselé qui, au détour de cinq merveilleuses histoires, fait transparaître ces grandes vertus hussardes dans cinq personnalités bien distinctes, du Président républicain à l’écrivain romancier en passant par le Saint Prêtre. Servie par une littérature riche et le talent raspaillien, l’oeuvre hussarde prend le parfait contre-pied de l’actuelle déliquescence morale de notre société : la hauteur d’âme y est poussé au paroxysme, l’honneur mené à l’intransigeance et ne peut souffrir d’un quelconque mensonge ou renoncement. 

L’un des aspects les plus délectables dans l’ouvrage reste toutefois la critique, subtile mais réelle, des institutions républicaines, des traits et conventions qui rythme notre actuel régime politique… Le passage sans doute le plus emblématique de ce souci royaliste sort directement de la bouche du premier protagoniste de l’histoire « La Passation du pouvoir », à savoir le Président déchu :

« Lorsque j’ai été élu à la haute fonction que vous occupez depuis midi, elle ne représentait pour moi, comme pour vous-même, que le couronnement suprême d’une carrière. On n’eût pas trouvé chez moi la moindre parcelle d’émotion vraie, le moindre élan d’amour à l’égard de mon pays, le plus petit éclair de conscience de l’immense charge d’âmes et du poids d’une destinée que mérite la conduite de la France. Les concepts d’honneur et de dignité m’étaient parfaitement étrangers… […] Je gérais. Je gouvernais. Mais je n’incarnais pas la France. En coupant la tête de Louis XVI, les Français ont coupé la tête à l’incarnation. ».

Une belle œuvre littéraire à redécouvrir donc, et qui trouve dans notre actualité un écho tout particulier. A l’heure où le Président français brille par son incompétence, sa goujaterie et son apologie du déshonneur, la lecture des Hussards de Jean Raspail nous donne une bouffée d’honneur, à partager évidemment.

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