Laurent OBERTONE
auteur du livre à succès
La France Orange mécanique
sera présent à Nantes
pour vous rencontrer
et vous présenter
son dernier ouvrage
à la salle Nantes-Erdre
(251 route de Saint-Joseph)
à 20H30
pour une CONFÉRENCE
La France Big Brother est un ramassis d’approximations, une surenchère de sophismes, de raccourcis conceptuels et sémantiques. S’il y a de la « pensée » là-dedans, elle est boiteuse, épaisse, mal équarrie. Bête, en un mot. Les concepts sont passés au prisme d’un réductionnisme caricatural. L’« égalité », par exemple, tant honnie par notre pourfendeur de la démocratie ? Une notion grossièrement matérielle : « L’égalité vous excite parce que vous y voyez la garantie de ne pas perdre votre place, parce que vous enviez votre voisin qui a une plus grosse voiture. »
Le souci du mot juste, la rigueur lexicale ? A l’as, balayée d’un revers de langue clinquante et ronflante. Obertone réfléchit moins qu’il ne chine au petit bonheur la chance, entassant les champs sémantiques dans des paragraphes qui ont des allures de collages surréalistes patauds. Voici par exemple Laurent Obertone qui découvre, mon dieu ma brave dame, que la télé n’est pas le lieu d’une parole contradictoire, qu’elle n’autorise pas une dialectique un peu poussée. C’est ce qui s’appelle enfoncer une porte ouverte, mais soit, accordons-lui des circonstances atténuantes, et plaidons pour l’ingénuité plutôt que la bêtise.
Notre médiologue en herbe s’avise ensuite du règne journalistique du politiquement correct. Ce qui vaut un splendide échantillon de salmigondis rhétorique : « Le politiquement correct, c’est une correction mentale que nous infligeons à un animal turbulent, l’équivalent d’une fessée déculottée à une heure de grande écoute. L’hérésie morale subira perpétuellement les mêmes outrances.
Notre inquisiteur journaliste interrogera ensuite les proches du déviant, leur demandera une réaction, s’ils condamnent ou non, s’ils se désolidarisent ou pas. En clair s’ils veulent être de la charrette. » Comptons : éthologie light (« une correction mentale » infligée à « un animal turbulent ») + imagerie old school de l’autorité familiale (la « fessée déculottée ») + vision de roman gothique de l’Eglise (« hérésie », « inquisiteur ») + spectre des tribunaux soviétiques staliniens (le « déviant ») + invocation de la Terreur bien de chez nous (la « charrette »). Ca fait cinq références, télescopées, touillées, shakées, sans égard pour la spécificité de chacune d’elles, les contextes historiques…
Ce que Montaigne, auprès des mânes duquel on s’excusera platement de le faire figurer en compagnie de Laurent Obertone, appelait « l’opinion de savoir ». La pire bêtise, celle qui en reste à la surface du savoir.
Et qui éclate quand La France Big Brother se pique de zoologie ou de biologisme. Laurent Obertone assène doctement des vérités-Wikipédia sur l’instinct et l’évolution, puis les applique avec la même solennité grandiloquente et puérile aux rapports humains dans la France d’aujourd’hui.
S’interroger sur les limites de pareilles analogies, sur une éventuelle confusion Nature/Culture ? Manifestement, ce n’est pas à l’ordre du jour. Bon, bon, me direz-vous, d’accord, Obertone n’est pas un foudre de guerre de la pensée politique, mais vous-même, ne vous tromperiez-vous pas de cible ?
Après tout c’est un pamphlet, pas une version relookée de La République du vieux Platon ou une exégèse de Carl Schmitt. Et un pamphlet, ça lorgne vers les Céline-Bloy-Daudet, c’est d’abord de la langue hérissée, du verbe poivré… Mais non, même là, même dans un registre qui serait par exemple celui du dégueulis formel, le livre est bête. N’a ni l’intelligence esthétique, ni la présence d’esprit, de recourir à toute la richesse sulfureuse de la langue polémique.
Ce n’est plus la France qui s’ennuie, comme disait l’autre, c’est le lecteur de la France Big Brother qui s’emmerde.
La France Big Brother est un ramassis d’approximations, une surenchère de sophismes, de raccourcis conceptuels et sémantiques. S’il y a de la « pensée » là-dedans, elle est boiteuse, épaisse, mal équarrie. Bête, en un mot. Les concepts sont passés au prisme d’un réductionnisme caricatural. L’« égalité », par exemple, tant honnie par notre pourfendeur de la démocratie ? Une notion grossièrement matérielle : « L’égalité vous excite parce que vous y voyez la garantie de ne pas perdre votre place, parce que vous enviez votre voisin qui a une plus grosse voiture. »
Le souci du mot juste, la rigueur lexicale ? A l’as, balayée d’un revers de langue clinquante et ronflante. Obertone réfléchit moins qu’il ne chine au petit bonheur la chance, entassant les champs sémantiques dans des paragraphes qui ont des allures de collages surréalistes patauds. Voici par exemple Laurent Obertone qui découvre, mon dieu ma brave dame, que la télé n’est pas le lieu d’une parole contradictoire, qu’elle n’autorise pas une dialectique un peu poussée. C’est ce qui s’appelle enfoncer une porte ouverte, mais soit, accordons-lui des circonstances atténuantes, et plaidons pour l’ingénuité plutôt que la bêtise.
Notre médiologue en herbe s’avise ensuite du règne journalistique du politiquement correct. Ce qui vaut un splendide échantillon de salmigondis rhétorique : « Le politiquement correct, c’est une correction mentale que nous infligeons à un animal turbulent, l’équivalent d’une fessée déculottée à une heure de grande écoute. L’hérésie morale subira perpétuellement les mêmes outrances.
Notre inquisiteur journaliste interrogera ensuite les proches du déviant, leur demandera une réaction, s’ils condamnent ou non, s’ils se désolidarisent ou pas. En clair s’ils veulent être de la charrette. » Comptons : éthologie light (« une correction mentale » infligée à « un animal turbulent ») + imagerie old school de l’autorité familiale (la « fessée déculottée ») + vision de roman gothique de l’Eglise (« hérésie », « inquisiteur ») + spectre des tribunaux soviétiques staliniens (le « déviant ») + invocation de la Terreur bien de chez nous (la « charrette »). Ca fait cinq références, télescopées, touillées, shakées, sans égard pour la spécificité de chacune d’elles, les contextes historiques…
Ce que Montaigne, auprès des mânes duquel on s’excusera platement de le faire figurer en compagnie de Laurent Obertone, appelait « l’opinion de savoir ». La pire bêtise, celle qui en reste à la surface du savoir.
Et qui éclate quand La France Big Brother se pique de zoologie ou de biologisme. Laurent Obertone assène doctement des vérités-Wikipédia sur l’instinct et l’évolution, puis les applique avec la même solennité grandiloquente et puérile aux rapports humains dans la France d’aujourd’hui.
S’interroger sur les limites de pareilles analogies, sur une éventuelle confusion Nature/Culture ? Manifestement, ce n’est pas à l’ordre du jour. Bon, bon, me direz-vous, d’accord, Obertone n’est pas un foudre de guerre de la pensée politique, mais vous-même, ne vous tromperiez-vous pas de cible ?
Après tout c’est un pamphlet, pas une version relookée de La République du vieux Platon ou une exégèse de Carl Schmitt. Et un pamphlet, ça lorgne vers les Céline-Bloy-Daudet, c’est d’abord de la langue hérissée, du verbe poivré… Mais non, même là, même dans un registre qui serait par exemple celui du dégueulis formel, le livre est bête. N’a ni l’intelligence esthétique, ni la présence d’esprit, de recourir à toute la richesse sulfureuse de la langue polémique.
Ce n’est plus la France qui s’ennuie, comme disait l’autre, c’est le lecteur de la France Big Brother qui s’emmerde.