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C’était un 28 février massacre des Lucs-sur-Boulogne

« Habitants de cette terre, n’entendez-vous pas la rumeur d’une prière monter sous vos pas… » Cette Complainte des Lucs, Agnès Pacreau, « Les enfants des écoles la chantaient autrefois chaque 28 février, en montant en procession à la chapelle du Petit-Luc. » Écrite il y a 70 ans par le père Gabriel-Marie Gauvrit, à l’occasion du 150e anniversaire du massacre du 28 février 1794, la complainte, qui compte 32 couplets, retrace à la manière des épopées d’antan les événements tragiques de ce jour, en pleine Terreur.

 L’abbé Voyneau, curé du Petit-Luc, se présente alors aux soldats sur le chemin de la Malnaye, cependant ceux-ci se saisissent de lui le torturent et l’éventrent. Martincourt décide de ne pas faire de quartier. La chapelle étant trop petite pour contenir toute la population, les soldats ouvrent le feu sur les personnes à l’extérieur, puis afin d’économiser les cartouches, lancent une charge à la baïonnette massacrant et achevant les blessés. Les survivants se barricadent à l’intérieur de la chapelle, les Républicains incendient alors l’église !

Le curé Barbedette, alors en campagne, témoignera de cette horreur en dressant la liste des 564 victimes, hommes, femmes et enfants (la plus jeune, Louise Minaud, avait 15 jours). «… Lesquels noms… m’ont été référés par les parents échappés au massacre pour être inscrits sur le présent registre autant qu’il a été possible de les recueillir dans un temps de persécution la plus atroce, les corps morts ayant été plus d’un mois sans être inhumés dans les champs de chaque village du Luc… »

Un précieux martyrologe

Ce martyrologe, document des plus précieux aux yeux de nombreux Lucquois, est daté du 30 mars 1794. Ce qui pour l’un fut une tragédie, ne fut pour d’autres, qu’une anecdote rapportée en ces termes au soir du 10 ventôse (28 février) sur un billet – glaçant – transmis au Comité de Salut public: « Aujourd’hui, journée fatigante mais fructueuse. Pas de résistance. Nous avons pu décalotter à peu de frais toute une nichée de calotins qui brandissaient leurs insignes du fanatisme… » Une probable référence aux victimes tuées dans la petite église de Notre-Dame du Petit-Luc, levant désespérément crucifix et chapelets, armes dérisoires devant mousquets et baïonnettes, comme le traduit le grand vitrail du transept gauche dans l’église actuelle des Lucs.

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