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La polémique sur la chloroquine

La polémique sur la chloroquine est assez gênante. D’abord parce qu’elle dresse un écran de fumée sur la situation d’ensemble et ne doit pas faire oublier les autres scandales. D’abord le Pr Raoult est loin d’être un tocard, c’est même une sommité dans sa spécialité. Ironie de l’histoire il avait reçu le prix de l’INSERM en 2010. Il est reconnu au niveau international.

Il a été au centre d’une polémique institutionnelle entre l’INSERM et les IUH, question de budget, l’argent étant le nerf de la guerre en terme de recherche. Il s’est surement ajouté une guerre d’ego entre lui et le directeur de l’INSERM par ailleurs mari de la ministre. Après comme disait Rocard à l’hypothèse du complot il faut toujours privilégier l’hypothèse de la connerie.

Si sa personnalité est controversée c’est aussi qu’un certains nombres d’éléments sont surprenants. Entre 1996 et 2020 il a signe 13 000 articles scientifiques soit 6/mois. Même en temps que Professeur de médecine qui signe les publications de ses collaborateurs c’est énorme. A cela s’ajoute une grosse dizaine de livres grand public et des participations à des livres professionnels.

Concernant l’étude en cause. Soyons clair, après analyse, elle est mal foutue et pas du tout d’un niveau scientifique élevé. On peut comprendre qu’elle ne soit pas en double aveugle versus placebo mais l’échantillonnage est faible, 24, mal fait avec une population disparate rendant difficile la comparaison avec une population type. Elle est effectuée dans deux centres différents sans appliquer le protocole des études multicentriques. Toutes les évaluations ne sont faites avec les mêmes échelles, dans un centre une échelle qualitative dans un autre une échelle quantitative. Donc les patients ont eu majoritairement une amélioration de leur état mais l’étude ne permet pas de conclure scientifiquement car elle n’a pas la rigueur nécessaire.

Cependant il existe dans différentes publications des indices concordants notamment pour l’efficacité surtout en association avec un vieil antibiotique qui avait déjà été utilisé dans les prises en charge du SIDA avant les trithérapies.

Concernant les effets secondaires et les risques, ils sont bien connus car la chloroquine est un vieux médicament largement utilisé.

Il faut savoir raison garder. L’utilisation large sur des populations saines ou pauci-symptomatiques semble déraisonnable compte tenu de la balance bénéfice/risque. L’utilisation en cas de signes d’atteintes pulmonaires en association semble une option possible en l’absence de toute autre.

De toutes façons il faut l’accompagner d’un dépistage large, d’un confinement avec port de masque à l’extérieur, équiper les professionnel et pratiquer les gestes barrières. Chacun doit créer sa bulle de protection, la protection individuelle est la protection de tous.

Un ami médecin

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