[Magnifique Bretagne]Bréhat, un jardin breton
Caressé par le Gulf Stream, cet archipel de granit rose, situé à dix minutes à peine du continent, a des parfums sucrés de Méditerranée.
En être, ou pas. Appartenir à la confraternité de Bréhat (350 permanents et encore une école) ou ne jouir que d’un titre de passage (5 000 résidents chaque été)… Propriétaire à Bréhat, d’accord, Bréhatin, pas encore. Nuance. Car les textes sont formels : « Sont considérés comme Bréhatins ceux qui ont fait l’école communale. D’où l’habitude de se tutoyer » (L’Archipel de Bréhat, Éric Lebec, L’Ancre d’or Éd.). En clair, acheter une maison à prix d’or (une ruine sans vue pour 500 000 euros et au minimum trois fois plus pour une propriété convenable) n’efface pas le statut d’étranger.
L’archipel situé dans les Côtes-d’Armor couvre 86 îlots et récifs. Bréhat, le principal (3,09 km²), compte 850 habitations. Aux trois quarts, elles appartiennent à des estivants, pratiquement tous sérieux contributeurs à l’ISF. De juin à septembre, le chirurgien côtoie donc l’architecte, le commissaire-priseur, le banquier, l’avocat, le professeur d’université… Le reste du temps, c’est volets clos et sternes tranquillement posés sur la haie du jardin.
Il faut aussi distinguer entre ceux du Nord et ceux du Sud. Un regard sur la carte montre que Bréhat est un 8, deux parties donc, reliées par le pont Vauban, une appellation un brin prétentieuse pour ce qui n’est qu’un muret de pierre du XVIIIe permettant de circuler à sec, du moins tant que la marée reste sage. En bas, un jardin fleuri des fameuses agapanthes et coloquintes, mais aussi de toutes les beautés rapportées du monde entier par des marins émerveillés ; en haut, une lande rase balayée par les vents du jour.