Restaurer la politique familiale
Intéressant article de Thibaud Collin dans Valeurs Actuelles que l’on peut lire en intégralité ici :
[…]Le familialisme d’État a d’abord été pensé et voulu selon des objectifs natalistes. Mais peu à peu, la politique familiale est devenue une annexe de la politique sociale. La spécificité du fait familial a été progressivement occultée au profit d’une prise en charge de nouvelles détresses catégorielles. Dès lors, la fragilité n’a été abordée qu’a posteriori ; il s’agissait de se mettre à l’écoute des souffrances et/ou des revendications afin d’y répondre. C’est dans cette optique que la problématique des modèles familiaux a émergé grâce à la circularité entre sciences sociales et appareil administratif. On est alors entré dans une spirale où l’État se voulant au service de toutes les familles n’a fait qu’accentuer les causes profondes des fragilités. Là encore, les bons sentiments ne font pas une bonne politique.
Une authentique politique de la famille consisterait à se positionner a priori, en amont des fragilités. Ce n’est qu’à ce prix que l’on pourra inverser la tendance progressiste consistant à suivre plus ou moins vite la sacro-sainte évolution des moeurs et des mentalités, c’est-à-dire en fait à l’encourager. Quelle politique aura le courage de dire le coût social des législations “facilitant” le divorce, c’est-à-dire fragilisant l’institution du mariage ? Ou encore, comment justifier que l’État en appelle à la responsabilité des parents tout en les courtcircuitant dans leur droit et leur devoir d’éduquer leurs enfants (Pass contraception) ? Le signal est ici qu’un adolescent n’a plus besoin d’être éduqué par ses parents. Alors par qui le sera-t-il ?
De toute façon, on sait qu’à ce petit jeu la droite est toujours moins performante que la gauche. Elle apparaîtra toujours comme moins moderne que la gauche ; pensons à ceux qui au sein de l’UMP veulent aujourd’hui instituer un “mariage gay” alors que la gauche en est déjà à “l’ouverture du mariage civil et de la filiation à tous les couples”.
Certains objecteront qu’une telle perspective irait contre “la neutralité éthique de l’État”, en passe de devenir le principe de notre vie démocratique. À l’heure de l’autonomie individuelle et des libertés consentantes, assumer une politique de la famille centrée sur la valorisation du mariage fécond et responsable éducativement, n’est-ce pas sombrer dans le paternalisme (ici resurgit l’ombre de Vichy !) ?
C’est là où plus que jamais la droite a besoin d’une armature intellectuelle alternative à l’individualisme libertaire qui est, en fait, une contre-politique. En effet, il promeut politiquement des mesures qui nient les soubassements d’une vie politique digne de ce nom. Il convient d’assumer courageusement que la politique a besoin de familles stables dans lesquelles les futurs citoyens pourront grandir et que l’État est prêt à déterminer les mesures a priori assurant les conditions de cette stabilité et de cette croissance