L’Etat d’urgence agricole ?
Editorial à lire sur Paysan Breton qui a le mérite de rappeler que la réalité du pays légal n’est pas la même que le pays réel, ce milieu agricole qui paye de plein fouet les spéculations sur les matières premières :
Aujourd’hui il n’y a plus d’acheteurs pour les céréales et les oléagineux sur les marchés à terme agricoles, constate Anne-Laure Paumier, responsable marché à Coop de France. La raison ? Les prix sont si hauts que des achats qui miseraient sur une augmentation encore à venir seraient assez improbables. Alors, les investisseurs financiers placent leurs espoirs de spéculation et leur argent ailleurs, explique un spécialiste du secteur. Puisque les matières premières agricoles sont chères, il faut prévoir en conséquence une augmentation du prix des productions animales et à la bourse de Chicago, il est bon de se repositionner sur les marchés à terme du boeuf ou du porc.
Élémentaire … dans l’économie virtuelle. Mais la réalité de l’éleveur est tout autre. C’est plutôt l’état d’urgence qu’il faut proclamer. « Danger immédiat, les filières animales bretonnes en péril » prévient l’Association des fabricants d’aliments du bétail ( Afab) dans un communiqué. Rappelant les augmentations vertigineuses constatées depuis quelques semaines sur le prix du tourteau de soja et autres oléagineux ainsi que sur le blé. Quelle issue ? Les conditions de l’accord du 3 mai 2011 obtenu par Bruno Le Maire, devraient s’appliquer au moins pour la volaille et probablement demain pour d’autres productions : il prévoit d’ouvrir des négociations sur les conditions de vente des produits issus de trois filières d’élevage (viande de porc, bovin et volaille), en cas de variation excessive à la hausse et à la baisse des prix des aliments. Mais il semble que la distribution fasse de la résistance… pour l’instant. La Fédération du commerce et de la distribution estimait que les conditions n’étaient pas réunies.