Le budget 2013 d’ores et déjà invalidé par la réalité
La France va devoir abaisser son déficit à 3% de son PIB, c’est du moins la promesse du gouvernement Hollande. Et pour y arriver, quoi de mieux qu’une batterie de mesures fiscales et économiques, toutes contenues dans un budget 2013 qui ne correspond en rien aux aléas de la vie réelle et qui ne ressemble dès lors qu’à une chimère…
Alors que la législation sur l’euthanasie sera peut-être modifiée lors du présent quinquennat, il rentre désormais hélas dans le champ des obligations intellectuelles de dire que le budget 2013, le premier de la mandature, est mort-né.
Le Gouvernement n’est en rien fautif quant à l’effondrement programmé de la croissance qui fait que l’hypothèse de +0,8% en 2013 est une chimère et une insulte à l’intelligence. La France peut tabler sur 0,2% de croissance de son PIB l’an prochain dans le meilleur des cas et il est probable que ce soit l’année du rendez-vous redouté avec la récession. (voir analyses en creux de la Banque de France).
Cette répudiation de la prévision de croissance aura un impact majeur sur le futur solde d’exécution de la Loi de finances. Moins de croissance, c’est d’évidence moins de rentrées fiscales tous azimuts : TVA, IRPP et IS notamment. Avec cette unique mauvaise nouvelle, le Gouvernement sait fort bien à ce jour qu’il ne parviendra pas à « rentrer dans les clous », autrement dit à limiter notre déficit à 3% du PIB. Au demeurant, certains membres éminents de la majorité le disent ouvertement comme le Président de l’Assemblée nationale Claude Bartolone (Grand jury RTL / LCI de dimanche dernier).
Ce sont des dizaines de milliards qui risquent de manquer à l’appel : entre 15 et 30 selon les différentes prévisions.
Là où le Gouvernement a été plus hardi, c’est sur le poids de la ponction fiscale : plus de 20 milliards sur les entreprises et les ménages vont induire un effet pro-cyclique. Autrement dit, alourdir la morosité du climat des affaires (atteintes aux volumes de l’investissement) et amoindrir la demande (atteintes au pouvoir d’achat).
Le multiplicateur keynésien nous enseigne qu’un euro bien investi permet d’obtenir plus qu’un euro en revenus d’activité. En 2013, ce budget proclamé de « redressement juste » par le Premier ministre risque fort d’enclencher des phénomènes anti-multiplicateur et ainsi de voir son architecture fortement bousculée par la courbe de Laffer qui démontre que « trop d’impôt tue l’impôt ». Ainsi, il est raisonnable et non polémique d’affirmer qu’un tel choc fiscal n’aura pas le rendement escompté.
L’histoire budgétaire de notre pays retiendra très vraisemblablement qu’il a été trop demandé à la société civile et pas assez à l’Etat qui ne s’est engagé à effectuer que 10 milliards d’économies.