Florange, mission impossible
L’expert dépêché par Arnaud Montebourg a deux mois pour trouver un repreneur aux deux hauts-fourneaux de Florange fermés. Les candidats ne se bousculent pas.
Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, s’est fourré dans un guêpier. Comment trouver, en deux mois, un repreneur aux deux hauts-fourneaux de Florange (Moselle) arrêtés depuis plus d’un an, vétustes selon leur propriétaire, ArcelorMittal, et promis, avant l’intervention pressante du gouvernement, à la fermeture ? Comment trouver un mode d’intervention dans l’épineux dossier sidérurgique qui permette au gouvernement de s’engager auprès des salariés – Arnaud Montebourg, après François Hollande, le leur a promis – sans être tenu pour responsable d’un éventuel échec ?
L’affaire peut se révéler très coûteuse politiquement. En Lorraine, il suffit de se retourner sur le passé récent pour avoir un exemple cuisant du volontarisme politique en matière de sidérurgie. En 2008, Nicolas Sarkozy s’était rendu à Gandrange, ville voisine de Florange, où le même ArcelorMittal dirigeait un vaste complexe sidérurgique. Là aussi, comme Arnaud Montebourg, Nicolas Sarkozy avait compris, tonné, martelé, promis… Quelques mois plus tard, et malgré les efforts déployés par l’ancien président, l’aciérie fermait ses portes, la région perdant 400 emplois.
Ce sont les préretraites, que l’on voulait pourtant éviter, et le reclassement à… Florange et au Luxembourg qui attendaient à ce moment-là les salariés de Gandrange. Aujourd’hui, et alors que le chômage a franchi la barre des 3 millions, plus de 600 emplois sont concernés.
Pour Nicolas Sarkozy, le souvenir de Gandrange était resté comme « un caillou dans la chaussure », selon l’image employée par un syndicaliste, et il devait s’avérer particulièrement douloureux en période préélectorale.
Le gouvernement peut-il faire en sorte que l’histoire ne se répète pas ? Il se contente d’une issue provisoire : la nomination d’un expert chargé de trouver un repreneur aux deux hauts-fourneaux.
Un sursis de deux mois, donc, à la fois pour les salariés de Florange et pour le gouvernement… Et une mission pour le moins ambitieuse pour l’envoyé du gouvernement, Pascal Faure, vice-présidentdu Conseil général de l’Économie, de l’Industrie, de l’énergie et des technologies, auteur d’un rapport sur la situation de Florange en juillet. Il y faudra à n’en pas douter la ténacité sans faille d’un haut fonctionnaire dévoué à la cause de l’État…