Adoption pour tous : psychiatres et associations tirent la sonnette d’alarme
Ils craignent que l’enfant ait du mal à combler sa blessure narcissique et que la loi ne vienne gommer les interdits familiaux.
Le désir de famille exprimé au travers de l’adoption par des couples d’homosexuels mariés est-il compatible avec « l’intérêt supérieur de l’enfant » protégé par la Convention internationale des droits de l’enfant ? « La responsabilité d’élever l’enfant et d’assurer son développement incombe au premier chef aux parents (…). Ceux-ci doivent être guidés avant tout par l’intérêt supérieur de l’enfant », précise son article 18.
Cette question interpelle les associations de protection de l’enfance. « Les promoteurs du projet se soucient avant tout de la revendication des personnes de même sexe à avoir droit à des enfants et non pas de l’intérêt des enfants eux-mêmes », déplore la présidente du Collectif pour l’enfance Béatrice Bourges. Mais en quoi la capacité d’éduquer l’enfant et de lui donner de l’amour dépendrait-elle de l’orientation sexuelle ? « Au-delà de l’amour et de l’éducation, l’autre besoin relationnel de l’enfant est de pouvoir s’ancrer dans une généalogie et dans une vérité de filiation », assure Béatrice Bourges.
« L’enfant est spontanément en mésestime de lui-même »
Un point de vue que partage le pédopsychiatre Christian Flavigny, responsable du département de psychanalyse de l’enfant et de l’adolescent à l’hôpital de la Salpêtrière à Paris. « Le fait d’envisager cette question sous le prisme de l’éducation ne peut occulter les sentiments profonds de l’enfant et cette blessure narcissique originaire : pourquoi n’ai-je pas mérité d’avoir mon père et ma mère ? Le mécanisme de pensée d’un enfant abandonné est de croire qu’il l’a été parce qu’il était un mauvais enfant. Il est spontanément en mésestime de lui-même. L’adoption par des couples d’hétérosexuels absorbe cette problématique au travers du message : nous t’attendions comme notre enfant. »
Lire la suite de l’article