La question de l’énergie hydrolienne
Les français, largement submergés d’informations sur la puissance énergétique nucléaire, ne connaissent au fond que bien peu de chose sur les énergies dites « renouvelables » dans le domaine maritime, que ce soit l’énergie coulomotrice ou marémotrice. Les bretons pourtant ont pu constater, notamment par l’installation de l’usine marémotrice dans le barrage de la Rance dans les années 1960, l’importante production d’électricité qui peut résulter de ces énergies propres : rien que pour l’usine d’Ille-et-Vilaine, ce sont entre 500 à 600 millions de kWhqui sont produits chaque année.
Alors que les industriels continuent de réclamer le développement de cette énergie (et attendent toujours au passage l’appel d’offre promis par le gouvernement), Réseau de Transport d’Electricité vient de publier un rapport fort intéressant sur le coût estimé du développement de cette énergie : « entre 10 et 20 millions d’euros » la somme nécessaire pour une production de moins de 100 MW dans le Raz Blanchard. Pour le site du Fromveur (60 MW), au large du Finistère, « avec installation d’un poste de transformation sur l’île d’Ouessant », le coût est estimé à 70 millions à cause « de l’éloignement du gisement par rapport à la côte ».
Evidemment, si ce coût peut apparaître énorme vis-à-vis des prestations énergétiques attendues, il faut le comparer à l’investissement réel de l’Etat français dans l’énergie nucléaire : rien que pour l’EPR de Flamanville, le coût est provisoirement estimé à 8.5 milliards d’euros. Et, notons de plus que les investissements dans les réseaux et les centrales nucléaires françaises continuent d’enfler allègrement au fil des années (tout comme les salaires des dirigeants, comme le montre le dernier rapport de la Cour des Comptes) pour atteindre des centaines de millions d’euros par an.
La question énergétique est éminemment plus complexe qu’un simple comparatif de coût : elle est l’une des expressions les plus visibles du paradigme social de notre société. Loin des lobbys nucléaires et des « verts » politiques, il est urgent de poser la réelle question de l’avenir énergétique français qui, s’il on n’y prend pas garde, s’achemine davantage vers de l’injection massive d’argent dans un véritable tonneau des Danaïdes…