11 Mars 1590 : Prise du Château de Saint Malo par les Malouins
Depuis longtemps la paix ne règne plus entre le représentant du roi, le Sieur de Fontaines, et ceux de la ville, membres du conseil de Saint-Malo, qui ont nommé des capitaines et un syndic pour une gestion qui échappe entièrement à l’autorité du gouverneur. Ce dernier vit protégé par sa garde et reclus dans l’enceinte du château. Mais en même temps, la population proclame son attachement à la religion catholique et refuse toute entente avec les protestants ou avec les ligueurs. Une proposition d’assistance faite par le duc de Mercoeur vient d’être sèchement refusée : les Malouins veulent avant tout rester indépendants socialement et économiquement. Mais l’annonce de l’assassinat du roi Henri III en août 1589 vient bouleverser leur situation quand ils apprennent du gouverneur que le nouveau roi sera un huguenot, Henri IV, ce qui pour un Malouin est inacceptable. Un complot se trame alors au sein du conseil de la ville avec pour but de s’emparer du château qui représente l’autorité et de négocier une charte qui leur donne satisfaction.
Le château est soigneusement isolé, puis dans la nuit du 11 mars, un complice de la garde soudoyé lance une corde du haut du la tour générale. On y attache une échelle de corde, vite remontée et assujettie à une couleuvrine du rempart grâce à laquelle 55 conjurés sportifs peuvent s’élever et pénétrer dans le cœur du château. Il s’en suit une bagarre générale au cours de laquelle le gouverneur est tué, une partie de la garde neutralisée et le reste retranché avec leur capitaine dans une partie du donjon. A ce moment, le pont-levis est abaissé et la foule amassée à l’extérieur se rue dans le château et commence un pillage en règle. La partie est perdue pour les royalistes, qui doivent se rendre et le château reste aux mains des Malouins.
Malgré cette victoire les Malouins restent plutôt favorables à l’ordre royal, leur seul souci étant selon eux de nature religieuse, et très hostiles aux ligueurs de Mercoeur qui pillent sans vergogne la région. L’abjuration du roi Henri IV aura finalement raison de leurs hésitations.
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