Economie

Impôts de classe

Le budget 2013 et le projet de loi de financement de la Sécurité sociale ont tenu leur promesse en matière d’augmentation d’impôts : particuliers et entreprises, nul n’échappe au choc fiscal voulu par la gauche.

On en connaît la raison : faute de croissance, les recettes sont atones et, à défaut de tailler dans les dépenses, ce qui n’est pas dans la culture des socialistes, l’objectif de déficit de 3 % l’an prochain n’aurait probablement pas été atteint sans un nouveau tour de vis fiscal. Les socialistes risquaient de se retrouver condamnés par les marchés financiers qu’ils abhorrent.

Il y a une différence notable entre la droite et la gauche lorsqu’elles décident des augmentations d’impôts, même si le résultat, au bout du compte, n’est pas très différent. La première le fait dans la douleur et le remords, la seconde dans l’allégresse et la bonne conscience. Car, pour la gauche, l’objectif d’équilibre budgétaire est accessoire à côté de son grand dessein qui est de châtier “les riches”, ceux qui, à force de travail ou simplement de prévoyance, ont réussi à se ménager une situation un peu plus confortable que la moyenne, offensant l’esprit d’égalité qui est, selon François Hollande, l’âme de la France.

Pour le cas où les Français ne se rendraient pas compte des nobles intentions qui animent nos législateurs, le gouvernement prend bien soin de souligner, pour chaque mesure, que ceux qui sont concernés sont seulement les adversaires naturels des classes populaires : ainsi, quand il bloque le barème de l’impôt sur le revenu, il se targue d’avoir prévu un abattement qui rendra ce blocage sans effet sur les tranches les plus basses et fera qu’en aucun cas ceux qui ne sont pas imposables ne seront susceptibles de le devenir. Même discours pour l’abaissement du plafond du quotient familial qui ne frappera que les familles les plus aisées : on connaît, grâce au sociologue Pierre Bourdieu, les méfaits de la reproduction sociale dans ces milieux privilégiés (sic). Inutile, donc, de l’encourager en subventionnant les familles nombreuses de la bourgeoisie.

Lorsqu’il s’agit des retraités, à qui on promet un jour de ne pas augmenter les impôts mais que l’on frappe le lendemain d’une taxe de 0,15 % en 2013 puis de 0,30 % en 2014 en attendant de nouvelles augmentations, il est bien entendu que ce nouvel impôt ne s’appliquera pas aux retraités non imposables ! Baptisé du beau nom de “contribution additionnelle de solidarité pour l’autonomie”, ce nouveau prélèvement ne taxera donc que ceux qui payent déjà, tout cela au nom d’une solidarité nationale à sens unique.

On pourrait multiplier les exemples de cette discrimination qui s’étend aux entreprises, le gouvernement prenant soin à chaque fois de distinguer les grandes, qui doivent payer, des PME, qui peuvent bénéficier de sa mansuétude. Peu importe qu’il s’acharne à les empêcher de grandir en taxant les plus-values et tant pis si les grandes entreprises contribuent pour plus du tiers à la création de la richesse nationale. Ce qui est petit est beau et ce qui est grand est dangereux et condamnable.

Le paradoxe, finalement, c’est que les seuls à payer un impôt qualifié de patriotique par Jean-Marc Ayrault soient les plus hauts revenus soumis à l’impôt exceptionnel de 75 %. On aurait pu penser qu’un effort patriotique devait être partagé par tous à raison de ses moyens. Le gouvernement préfère un impôt de classe.

Source de l’article : Valeurs Actuelles

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